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Les gorges du Destel sont connues de tous les randonneurs ou presque. De grandes cuves creusées par l’eau au fil du temps forment le lit du Destel entre Le Broussan et la DN8 dans les gorges d'Ollioules.
Le Destel s'écoule en serpentant entre des falaises vertigineuses percées de "mille" grottes et cavités dont certaines sont considérées comme préhistoriques.
Pas toujours d'un accès facile ces grottes ne sont pas indiquées sur les cartes, quelquefois même un minimum d'expérience en petite escalade sera nécessaire, tout au moins pour l'usage des cordes.
Le Destel se jette dans un fleuve (oui... ce caniveau sale et puant, presque toujours à sec est un fleuve) la Reppe qui dans les gorges d'Ollioules borde la DN8.
Reppe signifie rivière... mais comme la Reppe se jette dans la mer à Sanary, c'est un fleuve.
Rarement en eau, sauf parfois en crues violentes, la Reppe est maintenant domestiquée par l'homme et s'écoule en un canal souterrain qui "à l'époque" alimentait des moulins.
Une entrée (maintenant interdite et solidement fermée) descend dans le fameux canal des Moulins, accès délicat, une visite approfondie relève de la spéléologie.
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Au bord de la Reppe, à proximité de son confluent avec le Destel se trouve un four à chaux, première curiosité.
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Assez connu, au moins de nom, le Château du Diable surplombe l'entrée des gorges du Destel, accès délicat, que ce soit par en haut depuis le GR ou par en bas depuis le lit du Destel, l'ensemble de grottes, tunnels, galeries qui forment le spectaculaire Château du Diable va demander une arrivée par des passages de petite escalade.
La falaise percée d'innombrables galeries, n'est qu'un "mur naturel" de quelques dizaine de mètres d'épaisseur, on peut apercevoir les jeux de lumière du jour dans l'ouverture haute.
l'accès au Château du Diable demande un peu de prudence, éboulis, fortes pentes, roches glissantes sont au programme
La grande salle principale est une merveille. Une fois à l'intérieur, l'autre coté est un ensemble de piliers naturels qui soutiennent la voûte
On raconte, dans les temps anciens, que le Château du Diable était un lieu de torture et de sacrifice. Le Maître des Ténèbres s'amusait avec les habitants d'Evenos.... Un jour Saint-Martin décida d'en finir et proposa au diable de jouer les âmes des habitants aux trois sauts . St Martin prit son élan le premier et en trois bonds, atteignit sans encombre l'entrée des gorges d'Ollioules. Le diable s’élança à son tour en ricanant mais St Martin voyant qu'il ne
réussirait pas à le terrasser, tomba à genou et pria, implorant les Cieux.Dans un vrombissement majestueux, Lou Manjo Fango* (on suppose) balaya le Diable avec fracas dans le lit du Destel...
(* Manjo fango... "mange poussière" le vent qui assèche les chemins.)
l'accès aux salles inférieures demande là aussi d'utiliser les cordes
mais...traversons ce mur, une terrasse végétalisée s'ouvre à nous, dans le dos, la paroi lisse et grise est souvent squattée par les escaladeurs, de belles voies sont ouvertes ici.
En face, un autre jeu de grottes dont la superbe grotte d'Amour sur plusieurs étages de plus en plus étroits
La grotte d'Amour
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Reprenons le chemin des cordes et passages aériens pour remonter en direction du GR par un sentier raide et tout en caillasses, nous passerons, si on regarde ailleurs que le bout de ses godasses, devant la grotte Ferrandin, juste cachée derrière quelques arbres.
La grotte Ferrandin, panoramique, large et peu profonde
remarquons comme la voûte de la grotte épouse parfaitement le profil de la colline en face.
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Plus bas, bien visible depuis le Destel pour peu qu'on relève la tête, la grotte du Théatre.
Nous l'aurions volontiers baptisée "cathédrale" mais le nom est déjà pris.
le boyau s'ouvre de 3/4 face au Château du Diable, cette belle grotte demande seulement un peu de grimpe dans des rudes pierriers et les sentiers "qui partent dans tous les sens" pour y arriver.
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Autre grotte, autre destinée, la grotte dite du Patrimoine, ancienne bergerie du XVIII ème siècle...sur les chemins du Patrimoine bien sûr !
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Sur l'autre versant, revenons à la superbe Arche d'Alliance...passage quasi obligé pour grimper au Château du Diable, mais passage franchement aérien.
en effet le cheminement se fait en passant sur le pont de roche créé par l'arche
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Plus bas dans les gorges, connue mais bien cachée, la grotte Christianisée, une stalactite tombée à terre est gravée de multiples croix,
Ce gros bloc de pierre à l'entrée de la grotte, posé sur une couche de cendres, a servi d'objet de culte au Vème siècle
Le sommet, creusé d'une cupule, était surmonté d'une croix, (celle ci a été remplacée et est démontable pour ne pas causer d'accident aux grimpeurs qui s'aventurent sur la paroi) la roche est gravée de 6 croix : latine, grecque, double, solaire, croisetée et sur globe.
Une magnifique pieuvre de calcaire veille sur ce trésor
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La Grotte Monnier aux deux entrées, pas facile d'accès, ce tunnel étroit fut au néolithique une sépulture, comme pas mal d'autres grottes du Destel.
Pour protéger leurs sépultures dans l'au delà, un chamane a gravé une plaque de schiste coloré et gravée d'un visage stylisé comme il en existe en Espagne, cette plaquette serait dans un musée à Paris.
Ce lieu est sacré...il a été découvert en 1943 par Julien Sanz Martinez
Une reproduction de la plaquette de schiste y est apposée sur la paroi.
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Sur le chemin du Patrimoine, les restes d'un télégraphe de Chappe, l'ancêtre de nos moyens de communication
les bornes qui délimitaient les communes d'Evenos et d'Ollioules selon le cadastre de 1829
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La grotte du Berger, ou grotte des Joncs, en forme de L, au fond, un couloir part sur la droite sur quelques mètres.
Ancienne bergerie, beau bivouac actuel.
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Le Portique, au bord du vide et à ne pas confondre avec l'arche d'Alliance
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Le four à cade du XIXème siècle superbement restauré
l'âtre en briques réfractaires et les conduits d'arrivée d'air.
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La source des Joncs, aujourd'hui bien à sec et sécurisée par une grille en fer à béton.
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Les ruines de la Cabane des Carriers, des gravures du XIXème siècle s'y cachent quelque part...
Combien de trésors à préserver et à respecter recèlent encore le Destel et ses falaises ?
à suivre...
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Les restrictions d'accès en massifs forestiers sont au rouge, voire au noir depuis belle lurette dans le 13, pour le Var, la règlementation est un tantinet moins sévère, en rouge, l'accès est "seulement" déconseillé.
Nous allons nous dégourdir les jambes du coté des gorges du Destel, mais contrairement aux autres balades effectuées dans ce secteur, nous n'irons pas, cette fois ci, du coté du Château du Diable.
Direction, un sentier sympathique, le chemin du Patrimoine, parcours sans difficultés et offrant de beaux points de vues.
Sur ce chemin des grottes, anciennes bergeries du XVIIIème siècle, des bornes qui délimitaient le territoire des communes voisines,Ollioules et Evenos, le vestige restauré d'un télégraphe Chappe et pas mal d'autres choses...à trouver.
Parking de la voiture sur la route d'Evenos-Ollioules tout près du club canin (ne pas s'y garer le samedi) et traversée de la Reppe, bien à sec en cette saison.
Nous montons par le sentier balisé jaune de la barre des Taillans, sentier qui surplombe les gorges de la Reppe offrant de beaux points de vues, mais aussi le bruit amplifié des véhicules qui circulent dans les gorges, on ne peut pas tout avoir !
Montée raide mais régulière.
quelques grands pins morts sont au bord du chemin
Arrivée à la première grotte de ce parcours...
La grotte du Patrimoine, ancienne bergerie du XVIIIème siècle
admirablement située et largement éclairée par le soleil du matin, c'est un bel endroit.
Plus haut nous ferons une première courte pause sur une esplanade au carrefour de plusieurs sentiers, une table de pique nique y est en place, entourée d'oliviers.
Une variante du GR51 permet un parcours moins banal que le GR, un passage auprès des vestiges d'un télégraphe de Chappe, l'ancêtre et le précurseur des moyens de communications dont notre société, à partir de ce moment ne pourra plus se passer.
Véritable révolution en matière de communication, le système de bras manœuvrés horizontalement et verticalement pouvait envoyer des messages codés dont seuls les directeurs des télégraphes avaient le répertoire, le vocabulaire comportait jusqu'à 8464 mots ou phrases préétablies.
La ligne Paris - Toulon, longue de 940 km comptant 108 stations fut inaugurée le 14 décembre 1821.
Mis au point par l'ingénieur Claude Chappe, le télégraphe optique permettait d'envoyer une dépêche, aux seules fins militaires ou politiques en 3 ou 4 heures sur cette ligne... si les conditions météos le permettaient.
Une ligne de bornes en pierres sèches marque ce qu'était la frontière entre Ollioules et Evenos, les deux rivales, rivalité toujours d'actualité.
la vue sur la rade est superbe
L'île des Embiez, Six fours, la presqu'ile du Gaou...que du beau !
Nous sommes à environ 400m d'altitude, d'un coté les gorges du Destel arides, renfermant grottes secrètes et difficiles d'accès, de l'autre...la porte de la cote d'Azur, le choix est vite fait.
par un jeu de sentiers nous arrivons au four à cades, superbement restauré, il en faudrait peu pour que de son conduit sorte cette huile qui a fait la gloire de cette région, l'huile de cade très recherchée en pharmacopée
vu du trou supérieur l'âtre en briques réfractaires, et tout au fond le conduit d'arrivée de l'air.
Dans le dos, le château d'Evenos en éternelle restauration ...
Le sentier, balisage jaune très espacé et parfois aléatoire nous fait descendre dans les gorges du Destel, descente raide et parfois rude.
Nous passons devant une rare source du massif, la Fontaine des Joncs, protégée par un grillage solide...y a t'il encore de l'eau ? probablement pas en cette saison, mais en automne... certainement.
la descente est sportive, nous arrivons dans les grandes cuves du Destel, complètement à sec.
Arrivée en se cramponnant !
le lit du torrent est complètement sec, attention cheminer dans la partie régulièrement en eau peu provoquer certaines glissades, un fin dépôt de limon recouvre les roches lisses, aucune adhérence !
les chaines sont en place pour les passages les plus osés, c'est la 1ère fois que nous passons ici dans le sens de la descente
pieds bien posés à plat, le corps jeté en arrière, c'est la seule bonne méthode
enfin un peu d'ombre, il n'y a aucun souffle d'air pour nous rafraichir dans les cuves !
c'est sec de chez sec !
Ah non, ici un belle mare d'eau croupie, bien verte et remplie de têtards
Surtout ne pas tomber dedans !
Poursuite de notre descente du lit à sec et retour au parking, une rando peu longue, comportant peu de dénivelé mais éprouvante tout de même...belle balade dans un de nos décors préférés.
Toutes les grottes de ce circuit ne sont pas présentées ici, il y en a tant...peut être un jour un article leur sera exclusivement réservé ...
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Une météo abominable nous a obligé à changer notre programme de trek dans le Viso, les étapes: refuge Granero - refuge Giacoletti - refuge du Viso ont été annulées par sécurité.
Brouillard, orages et fortes pluies étaient prévues, juste ces jours là, après une longue période de beau temps...ce sont les aléas de la vie.
Annuler ces étapes signifie annuler le fameux sentier du Facteur, le "Postino" célèbre pour ses vires aériennes, et surtout celui pour lequel nous avions prévu ce trek, le redouté mais magnifique "couloir du Porc" .
Les ayant passés l'an dernier nous avions envie de recommencer...dommage, mais la sécurité prime, nous ne nous voyons pas engagés dans le couloir du porc sous l'orage...non pas vraiment.
Ce sera donc, un parcours simplifié, notablement raccourci.
Départ quelques kilomètres après Ristolas dans le Queyras, au lieu dit "la Roche écroulée" direction le refuge Viso au 1er jour, étape courte et facile.
le lendemain, refuge Viso vers refuge Granero (Italie) par le très confidentiel col Sellierino 2840m , étape présentant un fort dénivelé positif et négatif sur une très courte distance..
troisième jour, "on rentre" refuge Granero à la Roche écroulée par le col Sellière 2830m , le frère du Sellièrino mais en plus connu, autant de dénivelé mais sur une plus longue distance, donc moins de pente, mais là ce sera...sous la pluie et dans un brouillard à couper au couteau.
clic pour agrandir la carte
Il fait un temps superbe, bien que la météo ne soit pas très optimiste pour les jours à venir, nous filons allègrement vers le refuge Viso, le sentier passe tout d'abord au petit belvédère du Viso, lequel d'ailleurs annonce déjà la couleur...des nuages.
Traversée du Guil sur une passerelle et nous remontons sur la piste forestière
qui file vers le long du torrent, petit à petit la piste prend de l'altitude
un sentier escarpé fait suite à la piste, puis au grand belvédère du Viso, nous laissons le sentier qui file vers le col Valante pour prendre le sentier en forte pente qui grimpe au refuge Viso
Bientôt le refuge est en vue, le ciel est blanc vers l'Est mais ici un beau soleil brille et il faut connaitre les caprices de la météo en montagne pour accepter de croire à un changement violent dans les heures à venir. Nous nous disons, "on verra bien " et si ce n'est que de la pluie...pas grave!
L'entrée du refuge, nous laissons chaussures de montagne et bâtons de marche dans la pièce qui leur est réservée et allons nous signaler aux gardiens du refuge.
A demain...
2ème jour.
Il n'est pas encore 8h00 quand nous prenons la route, le ciel est pur, l'air un tantinet frisquet, normal nous sommes à 2460m d'altitude et le soleil est encore au lit.
Les premiers rayons illuminent le Géant du Queyras qui en profite pour prendre la pose photo
retour sur nos pas d'hier jusqu'à la bifurcation qui indique "col Sellière" - "col de la Traversette" où nous allons
Nous passons au large de la bergerie ruinée et déjà commence la longue grimpette vers les contreforts de la montagne
Soudain 3 bouquetins filent sur notre gauche, pas très loin de nous, ils ne semblent pas affolés de nous voir mais ne s'approchent pas.
2ème bifurcation, à droite le col de la Traversette (passé l'an dernier sur le névé) à gauche le col Selliérino où nous allons maintenant.
les choses vraiment sérieuses commencent, la grimpe ressemble parfois à de la petite escalade, vires aériennes, sentier en balcon étroit, rude pente, sol peu stable, tout y est...mais quelle beauté!
Assez vite malgré tout nous sommes au col, à la ligne frontière France-Italie, 2840m, il fait un temps splendide !
Devant nous les montagnes italiennes, derrière nous les montagnes françaises
Le col Sellièrino
en face le Manzol...
la descente vers le lac Lungo et le refuge Granero est raide, le cheminement bien marqué mais le sentier est invisible dans la caillasse, donc...ne jamais perdre le balisage de vue.
De la caillasse...partout
puis à l'occasion d'un agréable replat salutaire pour la pause de midi, apparait tout en bas en enfilade, le lac Lungo et, tout au bout, le refuge Granero.
maintenant le sentier est bien marqué mais la pente encore plus raide...descente au ralenti
pour arriver sur les berges du lac, le ciel semble se voiler un peu mais pas trop...
Le sentier traverse le lac en son extrémité sur un "passage" bien bricolé, troncs et gabions
le refuge est là, un groupe d'Italiens nous interpelle
"d'où vient on?" etc etc...
les premières gouttes de pluie font clore la discussion franco-italienne, tout le monde rentre se mettre à l'abri.
La pluie torrentielle tombera toute la fin d'après midi, toute la soirée, une bonne partie de la nuit...vers 5h00 du matin les éclairs illumineront le dortoir et le tonnerre grondera assez fort pour nous tenir éveillé nous permettant d'échafauder un plan d'action pour la journée à suivre....
3ème jour
La météo ne va pas s'arranger de si tôt, elle va même s'aggraver avec des orages pour les 3 jours à venir, nous décidons de rentrer, fini le projet de sentier Postino et couloir du Porc, ce serait prendre trop de risques.
Pour revenir à la roche écroulée il n'y a que deux solutions
- le col Sellièrino raide et avec le risque de se perdre si la trace est invisible dans l'épais brouillard
- le col Sellière, presque aussi pentu mais dont le sentier est bien marqué, ce sera la solution de sagesse.
Au sortir du refuge, vers 8h00, la visi ne dépasse pas 10m mais il ne pleut pas et il fait presque nuit sous les épais nuages bas.
Au bord du sentier vision totalement inattendue d'une salamandre noire, la salamandre de Lanza, espèce rare et protégée qui fait l'objet d'un comptage, nous la signalerons lors de notre arrivée à Abriès.
salamandre de Lanza, floue par gros manque de lumière
La Salamandre de Lanza, joyau noir du Mont-VisoD’autant plus précieuse qu’elle ne vit que sur quelques hautes vallées du Mont-Viso et nulle part ailleurs au monde, cette petite salamandre noire fait partie des animaux les plus menacés de France.Pour cette espèce au bord de l’extinction, vigilance et protection de son habitat sont les espoirs de sa conservation.Nous filons vers les berges du lac Lungo et prenons la direction du col Sellière
Montée dans un brouillard épais qui a tendance à être remplacé par la pluie au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude
Au col vent glacial et pluie sont au programme, le GPS affiche à peine 14°C et encore...sur mon poignet !
Brrr, on ne s'attarde pas pour la photo...
mais je prends le temps de sortir (enfin) la veste et le foulard du sac.
Descente sous la pluie vers le sentier emprunté hier matin à l'aller
arrivés à la bergerie ruinée, petite pause pour boire et manger quelques fruits secs
Bonjour à la marmotte qui sort de son trou pour voir le temps qu'il fait ce matin !
Nous filons sans plus attendre vers le grand belvédère, puis la vallée du Guil
une petite pluie fine nous accompagne
Derrière nous, au belvédère, le Viso est invisible totalement caché par les nuages qui vont venir sous peu recouvrir la vallée du Guil et de Ristolas.
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La météo en montagne peut être bouleversée radicalement en quelques heures...et ça va plus vite qu'on ne pense !
Le Viso, ce géant qui domine le Queyras au petit matin, dans un superbe lever de soleil
Le Viso, invisible et totalement dans les nuages d'orage, quelques heures plus tard.
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