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Corse, Balagne, la boucle de l'Acciolu
Dimanche 20 mai, nous venons d'arriver en Balagne, notre première rando-balade est prévue à l'Ostriconi, probablement la plus belle porte d'entrée du désert des Agriates, située à quelques petits kilomètres au nord d'Ile Rousse.
Par cette journée fortement ensoleillée nous laissons la voiture sur le minuscule parking ombragé par d'immenses eucalyptus odorants. La piste file en direction de la plage de l'Ostriconi mais rapidement nous bifurquons à droite pour entrer dans le désert après avoir franchi le petit gué du ruisseau qui s'écoule de l'étang de Canula vers la mer.
Rapidement le décor devient aride et sec malgré les pluies de ces jours derniers dont seules quelques traces apparaissent encore en cherchant bien. Les figuiers de barbarie élancent leurs raquettes dissuasives vers le ciel, comme une menace envers un envahisseur potentiel.
Nous sommes déjà venus ici sur ce parcours qui sent bon la Corse et ses terres sèches et arides. Une bergerie troglodyte est sur la gauche du chemin, une ombre fraîche et parfumée par les pétoules de brebis y règne à l'intérieur.
Nous allons suivre sagement la piste jusqu'au "bocca di Mercuriu" (col de Mercuriu) où ensuite nous cheminerons par un étroit sentier.
De part et d'autre de la piste s'étend le "machja" cette végétation du maquis, qui, surchauffée, embaume l'air ambiant. Très vite il me revient en mémoire une phrase de mon auteur fétiche, Pierre Magnan, qui disait en parlant de sa montagne de Lure "que pour bien comprendre cette montagne aride il fallait que le marcheur se sente lui aussi assoiffé, comme le sont les plantes et la petite faune qui arrivent à survivre à tant d'aridité" ici c'est pareil, la chaleur écrasante du soleil, la soif vite arrivée et contenue vont sublimer la beauté de ce désert et les senteurs de cette végétation faite de cistes, de lavande papillon (Lavandula stoechas), de bruyères, d'immortelles et de genêts corsica.
Lavandula stoechas, lavande papillon
cistes
Au loin sur quelques hauteurs de curieuses colonnes de pierres empilées surgissent, sont-ce, comme on en trouve dans le plateau du Siou Blanc, des repères limites de propriétés, les fameuses bidoufles de la forêt des Morières ?
Nous cheminons lentement, appréciant pleinement la solitude et les fragrances qui montent aux narines. Parfois les senteurs de la machja sont mêlées avec bonheur aux odeurs des brebis et de leurs pétoules qui sèchent au soleil. Vite oubliées les odeurs des gaz d'échappement et le bruit de la civilisation, ici le temps s'est arrêté.
Nous arrivons au bocca di Mercuriu, nous laissons la piste pour prendre à gauche, dans une trouée du muret, un étroit sentier qui va nous emmener au pied de la punta de l'Acciolu, direction plein ouest vers la mer.
le bocca di Mercuriu
sur une pierre un lézard des murailles se pose la question :
- je file me mettre à l'abri ou je prends le risque de rester là, encore un peu, à me réchauffer les boyaux au soleil ?
le sentier se faufile entre quelques roches erratiques, de gros bouquets de genêts corsica aux longues épines dissuadent de s'en écarter.
parfois une plante nous laisse sceptique ...
la sente s'engouffre dans un ravin verdoyant, soudain un bruit d'eau qui glougloute nous arrive aux oreilles
un ruisseau bien en eau est à traverser, des traces montrent bien que la sauvagine locale vient s'y abreuver.
remontée vers le soleil, sur une hauteur une ruine de bergerie témoigne d'un passé où les hommes peuplaient ce qui est appelé "un désert".
le regard se tourne vers le sud-ouest où au loin, les cimes enneigées du Haut Asco nous rappellent qu'ici mer et montagne ne sont jamais très éloignées, mare e monti sont deux sœurs inséparables.
Petite remontée facile par un sentier qui serpente dans la garrigue et nous voilà au bocca di Affacatoghju (mais non ce n'est pas difficile à prononcer !) en face de nous la pointe de l'Acciolu et dans la dépression, à gauche...la mer !
en face de nous un groupe de randonneurs à cheval arrive
puis c'est la descente par un long sentier de littoral vers la plage de Vana où nous ferons la pause.
barrière anti motos et quads !
le sentier dévale dans la caillasse, le long du ravin verdoyant où coule le ruisseau traversé il y a peu
passage auprès de la bergerie semi ruinée de Chimia
tout près du ruisseau que nous traversons à nouveau
pour enfin arriver en vue de la cala di Vana, plage de Vana.
parfaitement déserte à ce moment là.
la cala di Vana
petite baignade avant la pause pique nique à l'ombre rare d'un arbuste
nous reprenons le sentier du littoral, laissant la plage où quelques personnes viennent d'arriver, mais bon ce n'est pas l'affluence...
sur la punta Paraghiola nous retrouvons à nouveau une de ces étonnantes colonnes de pierres
puis nous longeons, l'anse de l'Ostriconi, au loin, en face à flanc de montagne, se distingue la route qui file vers Ile Rousse.
Nous entrons dans une zone sablonneuse, le cheminement devient difficile les chaussures s'enfonçant dans le sable sec et mou.
la grande plage de l'Ostriconi
puis nous devons carrément traverser des dunes de sable blanc, au loin de gros nuages obscurcissent le ciel et le bruit sourd des coups de tonnerre nous indique que là-haut sur les montagnes, l'orage gronde.
la végétation se refuse à lâcher prise malgré le sable envahissant
puis, remontant sur une petite éminence nous revenons au "pays des figuiers de Barbarie"
la maison de Gradu est là, avec ses créneaux étonnants et son bougainvillier
Il faut avoir envie de la faire sa jolie photo !
mais l'aventure parmi les épines en vaut la chandelle, voilà une raquette aux fleurs multiples. Fleurs fragiles mais bien défendues.
Poursuivant le sentier nous longeons ce qui a été les limites de la propriété puis nous retrouvons la bergerie troglodyte et la piste qui nous ramène sous les eucalyptus.
Il se met à pleuvoir tandis que sur les monts du Haut Asco, l'orage se déchaîne.
Une très belle rando en bordure du désert des Agriates de 12km400 pour un cumul de dénivelé ne dépassant pas 300m.
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Pour clore cette première journée en Corse et tout particulièrement en Balagne, nous irons, en fin d'après-midi, à l'auditorium de Pigna pour écouter, comme chaque fois que nous y venons, le groupe de chants polyphoniques CANTU NUSTRALE. Après un grand bain dans les senteurs de la Balagne ce sera par les sens et les vibrantes émotions de ces chants traditionnels que nous nous laisserons entraîner au plus profond de cette âme Corse.
Un grand merci à Christian Ngo Degiovanni du groupe Cantu Nustrale pour son accueil amical en fin de spectacle.
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Commentaires
Belle balade en Corse qui m'a rappelé de beaux souvenirs ! Et je me serais bien baignée avec toi l'ami, moi qui déteste la foule sur les plages !!! Bises et bonne journée.
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La corse nous ya avons eu un cabanon pendant 20 ans, Des souvenirs magnifiques. C'était dans le Sud à Pianotolli caldarello