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Garlaban, l'eau des collines
Les collines de Pagnol ne sont pas réputées pour y receler sources, puits et cours d'eau abondants. A la lecture des reportages sur les randos que nous y effectuons, on pourrait penser le contraire, combien de fois y ont été cités le puits du Murier, le puits du Laurier, la source du Chien, de Font Berguette, et tant d'autres ? Mais de l'eau dans tout cela, y en a t'il beaucoup?
Ces sources et puits portés maintenant sur les cartes ne sont que de simples filets d'eau qui, de tous temps n'ont jamais suffit à satisfaire les besoins des hommes, de leurs troupeaux et des minuscules terres agricoles artificiellement aménagées en bancaous.
Pagnol a eu une phrase restée célèbre, "une source ça se dit pas ! " phrase qui pourrait passer pour cruelle, au mieux, insensée, et pourtant...Les hommes des collines de ce temps là, pas si lointain, il y a moins d'un siècle, connaissaient le vrai prix de l'eau.
Maintenant que celle ci coule à flots dans nos robinets et systèmes d'arrosage, et que nous la gaspillons sans remord, il nous est difficile d'imaginer que l'on pouvait vivre à plusieurs personnes dans la famille avec tout juste quelques litres par jour tirés difficilement d'un puits souvent éloigné, et ce... pour tous les besoins.
On connait tous l'histoire de Manon des Sources et de son Père Jean de Florette. Romancée comme il se doit, mais empreinte de vérité, cette histoire montre bien qu'à cette époque, pour de l'eau, certains n'ont pas hésité à être cruels, indirectement ou pas.
C'est romancé, mais pas tellement exagéré. L'histoire narrée par Pagnol est belle, mais dure et impitoyable...comme la vie en ce temps là. Ugolin et le Papé en étant les parfaits reflets.
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Ces sept collines qui forment le massif de Garlaban sont sèches, sans être arides. Il s'agit principalement d'eau d'infiltration de surface lorsqu'il pleut...mais il ne pleut pas souvent ici, alors elle est distillée chichement, la nature est prévoyante.
Les anciens connaissaient pourtant l'existence de rivières souterraines profondes, notamment dans le vallon des Escaoupres, mais avec le peu de moyens de l'époque, impossible d'aller la chercher et la domestiquer.
Ces derniers jours la Provence a connu de vrais déluges, épisodes Cévenols pour les uns, Méditerranéens pour les autres. Ce qui est certain c'est qu'en ce Midi, il ne pleut pas souvent, mais quand il pleut c'est presque toujours violent et brutal. Pour la pluie fine et bruineuse, des "normales de saison", il faut aller chercher ailleurs.
Nous aimons aller voir les si rares cascades du vallon des Escaoupres, et, phénomène encore plus rare et plus beau, d'entendre l'eau souterraine qui bruisse tout au fond de la grotte de l' Etoile après un orage, Pagnol en parle dans son œuvre, Louis Ardissone aussi, mais est ce encore vrai de nos jours ?
Courte rando bien ciblée, le terrain est détrempé, pas question d'aller nous casser la figure en glissant sur les rochers. Départ du poney club d'Allauch et direction la remontée du vallon des Escaoupres en faisant un large détour par les grottes des Pestiférés.
et le puits de Pichoun Ome.Celui ci déborde largement et inonde le sentier.
Direction Tête Ronde puis descente tout au creux du vallon des Escaoupres, pas beaucoup d'eau en bas, je suis un peu déçu, mais en remontant le vallon, petit à petit le débit de l'eau augmente, aurait elle trouvé, en cours de route, une issue souterraine pour échapper aux hommes ? C'est fort possible et même assez fréquent.
C'est fou comme ce petit ru a, au cours du temps, creusé la roche. Large de parfois 15 cm, la profondeur peut en atteindre 25.
Mince filet en période sèche, inlassablement il creuse le calcaire et peut au cours d'un orage avoir deux mètres de large
Tout près de la source du Chien, la cascade laisse tomber un beau rideau d'eau dans un bruit qui pour une oreille habituée à ces collines, peut surprendre.
En effet entendre le souffle du vent et le pépiement des oiseaux est plus fréquent que le bruissement de l'onde.
Janvier 2014, les grandes eaux de la cascade du vallon des Escaoupres, spectacle RARE !
le filet d'eau en période sèche
Le petit barrage de la source du Chien est submergé, l'eau prend toute la place qui lui est offerte.
janvier 2014, le barrage de la source du Chien déborde.
aujourd'hui il s'étale paresseusement et occupe toute la place
Mais, le clou du spectacle c'est au dessus de nos têtes que ça se passe.
Dans la grotte de l'Etoile, tout au bout de l'étroit boyau, à la suite d'un orage, on entend l'eau de la terre qui gronde, et, parfois quand la pluie est tombée en abondance, elle resurgit et sort en un flot impétueux pour se jeter plusieurs dizaines de mètres plus bas, dans le vallon des Escaoupres, venant grossir le débit du ruisseau.
En janvier 2014, c'était impressionnant, l'eau plus chaude que l'air sortait dans un nuage de vapeur expulsée par la gueule béante de la grotte, je n'avais pas osé y entrer de peur de me retrouver projeté au fond du vallon.
Janvier 2014, l'eau sort avec force
novembre, cette fois ci le débit est moins fort
et j'y rentre assez facilement, l'eau jaillit du boyau dans un gargouillis venant des entrailles de la terre
Nous continuons notre circuit en remontant vers la baume des Bartavelles et la grotte du berger, pour un pique nique avec vue sur tout le vallon.
la grotte du berger est décorée de dessins de chèvres et boucs datés de 2011.
"Capra 2011"
le petit abri troglodyte qui jouxte la grotte n'est aujourd'hui d'aucune utilité, l'eau suinte de la roche et s'il ne pleut pas dehors, ...il pleut dans la cabane !
Nous terminons notre petite balade avec un peu de hors sentier, au lieu de revenir par le pas des Bartavelles, nous franchissons les barres de Taulière par un petit pas d'escalade
puis plus classiquement en rentrant par la piste en bas de Grande Tête Rouge.
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Commentaires
2jupiLundi 24 Novembre 2014 à 09:17ça ne se dit pas, surtout à l'estranger
cette dure réalité cache à merveille le monde dur des collines de pagnol et autre
je dirais même qu'il faut être provençal pour décrypter facilement ces histoires très dures , mais quand on est d'ici, on ne fait plus attention
les jardins à l'arrosant était source de conflits permanent malgré "syndicat des eaux"
rude est la provence jl mais je ne t'apprends rien
adesias ami
patrick
Tu m'étonnes qu'y a de l'eau, avec ce qui nous est tombé dessus cette année!
Bisous mon gàri!
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Très beau reportage sur l'eau et les sources
En Cévennes nous habitons dans la vallée Borgne qui vient de l'occitan Val bornis c'est à dire Vallée des sources
Effectivement elles ne manquent pas
Il y en a une où je vais tous les matins avec le chien chercher l'eau pour le thé