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Les Pénitents des Mées
Sur la rive gauche de la Durance, se dressent d'étranges monolithes, nous sommes à 30 km au nord de Manosque. Depuis l'autoroute A51 ces roches verticales se voient de loin, et au couchant, sont illuminées d'or.
Le village qui se situe au pied de ces roches se nomme, les Mées, du latin metae, les bornes.
La légende
Au delà de la curiosité géologique complexe, l'homme a préféré, avec beaucoup plus de poésie, à défaut de rigueur scientifique, la légende.
Ces roches sont nommées "pénitents des Mées" en raison de leur silhouette évocatrice de moines encapuchonnés .
A la fin du IX ème siècle le comte Raimbaud des Mées est parvenu à vaincre l'occupant Sarrazin, il a fait quelques prisonniers dont 7 magnifiques "houris".
Leur convoyage vers le tribunal d'Avignon fut mystérieusement rendu impossible par des intempéries entraînant des crues de la Durance hors du commun, certains y virent la "main du Diable" , le comte enferma ses belles prisonnières dans son château et se désintéressât de ses sujets, et même de son "sport" favori, la guerre.
Les villageois s'en plaignirent et le Père abbé de Paillerols le menaça d'excommunication et organisa l' évacuation des belles tentatrices. Les moyens mis en oeuvre furent à la hauteur de la tâche, une haie de moines encapuchonnés reliait le château aux rives de la Durance afin de masquer les belles aux villageois et éviter toutes tentations.
Le Diable, parait il, s'en serait mêlé et une bourrasque de Mistral aurait décoiffé les moines qui, subjugués par la beauté de ces femmes auraient été tentés par le pêché. St Donnat leur protecteur, les pétrifia immédiatement afin de leur éviter l'enfer.
Ces Pénitents pétrifiés sont encore là, debout, sauvés de la tentation et imperturbables.
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La voiture est garée dans la rue tout près de la chapelle N.D. de la Salette, par un étroit passage nous retrouvons les panneaux qui, désormais, balisent le sentier qui va passer sur les hauteurs des "pénitents".
Des marches d'escalier ont été taillées dans la roche, cette roche étrange qui semble vouloir s’effriter au premier regard et qui est pourtant solide comme du béton, la poudingue. Nous passons auprès de la chapelle Saint Roch et de deux jolies fontaines décorées pour arriver sur un belvédère aménagé.
une borne visiblement assez ancienne, difficile de décrypter ce qui y est gravé...
Montée assez raide...
la chapelle Saint Roch
Du belvédère, belle vue sur le village et le clocher de l'église Notre Dame de l'Olivier
A partir d'ici le sentier est toujours bien tracé mais n'est plus protégé par des rampes métalliques, (un panneau avertit les marcheurs) la grimpette continue sur les hauteurs, le vent qui souffle en violentes rafales est une raison de plus de se méfier.
Nous voilà sur l'étroit sentier qui circule en crêtes, nous offrant des points de vue peu ordinaires, roches découpées et ravins étroits et vertigineux
Le sfortes rafales de vent ne nous permettent pas d'apprécier le spectacle à sa juste valeur, parfois il faut se tenir aux arbres
entre deux "pénitents", la vue s'ouvre, étroite fenêtre, sur la vallée de la Durance
les roches de poudingue se dressent, juste séparées entre elles par les ravines creusées par l'érosion dans la roche plus tendre.
Quelques arches cisèlent les sommets
puis la végétation se densifie, nous approchons du col des Pénitents
Au col, nous filons vers le plateau de San Peyre, un sentier en longue montée raide nous attend.
Sur le plateau, les rafales de vent sont nettement moins sensibles, un beau soleil illumine la nature qui hésite encore à sortir de l'hiver
Les ruines du mas de San Peyre, construit avec les seules pierres que l'on trouve par ici, les galets de la Durance "montés" jusqu'ici par les plissements de terrain de l'ère des formations géologiques.
Silencieux, un planeur nous survole
Après San Peyre nous prenons le sentier en direction de la Fontète, où nous trouverons un vieux chêne centenaire qui nous proposera son appui et sa force pour la pause pique nique
Pour le retour, nous laissons de côté le sentier balisé jaune pour prendre la piste qui redescend vers Les Mées par le long vallon de la Combe
quelques anémones hépatiques donnent un peu de couleur dans ce décor de feuilles de chênes sèches
puis, après la longue descente du vallon de la Combe, nous sommes en vue du barrage.
Le barrage
Six mineurs ouvrirent à l'explosif une galerie transversale de 200 m entre 1782 et 1784 (Le Tunnel de la Mine ) afin de capter les eaux d'orage des collines déboisées proches qui dévastaient les ruelles du village et les rejeter de l'autre côté des Pénitents pour qu'elles se déversent dans la Durance. Un aqueduc et deux barrages achevèrent le projet.
Celui-ci s'avéra ruineux et inutile, les branches et les arbres charriés par les flots obstruant très vite le passage.
Ici, nous prenons l'ancien sentier de l'adret, maintenant débalisé et déconseillé, car peu entretenu, qui remonte vers le col des Pénitents
Il y a encore peu d'années, ce sentier était le seul sentier qui permettait de monter au col, celui des crêtes n'avait aucune existence officielle.
Un début de sentier très dégradé, puis plus haut, une fois que nous retrouvons le sol dur de la poudingue, le passage est nettement plus facile
Au col, nous retrouvons le vent !
Nous allons revenir vers le village par le sentier Jean Millet qui circule sur la face ubac des Pénitents
Tracé dans une belle forêt, il offre de superbes points de vues sur les monolithes
et au loin, la montagne de Lure enneigée
Le ravinement a été réduit par la pose de centaines de rondins faisant des marches d'escalier
le sommet d'un Pénitent pour la pose photo
poursuite du sentier qui prend un peu d'horizontalité
avant de replonger entre les pénitents
Nous arrivons dans la plaine où nous prenons le sentier de l'Ubac pour revenir au village en cheminant au pied des Pénitents qui jouent avec le soleil
Retour au point de départ par la rue du Rocher si bien nommée où s'alignent quelques maisons semi troglodytes
Dans une cavité, un Saint Marseillais est le protecteur de la rue du Rocher, le Saint Quante et un !
c'est écrit dessus !
St Quentin 1.
retour vers la chapelle N D de la Salette, fin de belle rando
Une balade ventée et parfois aérienne d'environ 13km pour un cumul de dénivelé de 620m
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
2CATALANEMercredi 4 Avril 2018 à 11:29Ah, nous aussi nous avons randonné (il y a une dizaine d'années quand même, le temps passe vite) aux Mées. Nous nous étions régalés ! On était avec des cousins, et on avait réservé une chambre d'hôtes, dont j'ai oublié le nom, faudra que je le retrouve car on aimerait y retourner. Puis ... nous avons fait les gorges du Verdon. Sacrés souvenirs ! Allez, bisous
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Nous venons de faire, grace à vous, une belle randonnée chargée d'histoire en plus et de la légende des moines. Avec les curés on était toujours privés des bonnes choses !