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Rabou et le sentier des Bans
Quel beau sentier que le sentier des Bans, de plus il est chargé de la triste histoire du village de Chaudun à une dizaine de kilomètres de là, en remontant le cours du petit Buëch.
Ajourd'hui nous n'irons pas jusqu'à Chaudun, mais par ce sentier nous irons sur le flanc du Puy de Rabou, ce sommet qui domine de ces flancs fortement pentus le charmant village de Rabou, juché sur son piton au-dessus du petit Buëch.
Voiture garée sur le parking du village, nous filons sur ce superbe sentier qui présente quelques passages aériens magnifiques.
Regard vers l'arrière, le clocher pointu de Rabou émerge , en bas le petit Buëch coule des eaux tranquilles en cette saison, au loin, au centre de la photo, les falaises de Céüse qui forment une couronne.
le sentier des Bans doit probablement son nom aux roches qui se découpent en strates horizontales
la sente part en grimpette facile sur un cheminement qui fut caladé pour renforcer le sentier lors du passage des quelques mules
une plaque émaillée renseigne sur la vue des montagnes qui s'offrent au regard, ici sur ce belvédère sous roche
panorama de la vue "en vrai"
Le sentier des Bans était, à la belle saison, parcouru par le facteur qui, une fois par semaine allait apporter le courrier et le journal au maire et au curé de Chaudun.
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un extrait de mon roman tiré de l'histoire vraie de Chaudun :
...Il ne vient jamais personne dans ce village du bout du monde, seul moussù le facteur, à la belle saison, y passe une fois par semaine.
Sa tournée le fait cheminer, à pied, le long du sentier tracé dans la caillasse qui serpente en lacets vertigineux au-dessus du torrent. Ce personnage important aux yeux des villageois parcourt les huit kilomètres qui le séparent de Chaudun, pour apporter les journaux au curé et à moussù le maire, et parfois quelques rares lettres donnant des nouvelles d’un parent considéré par tous comme un renégat car parti chercher une vie plus facile ailleurs.
Seule distraction pour tout le village, son arrivée permet quelques minutes de repos.
Les femmes au lavoir s’arrêtent de parler, ou sortent de leur cuisine en s’essuyant les mains au tablier, le curé lâche les enfants pour une récréation supplémentaire, c’est l’attroupement autour de lui.
Chacun va essayer de récolter une bribe des nouvelles de la vallée.
Conteur chevronné, l’uniforme impeccable malgré la poussière du chemin, il lisse sa moustache gominée et l’œil luisant de fierté, il distille les nouvelles fraîches avec une parcimonie bien étudiée, négligemment appuyé sur son gros bâton de marche en bois de genévrier.
Véritable lien social entre les montagnards et le bas de la vallée, il ne se contente pas de délivrer le maigre courrier.
Pour un petit casse-croûte fait d’un verre de vin rouge râpeux et d’un morceau de fromage, il donne de vive voix des nouvelles d’en bas.
Colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles, il est attendu par tous avec impatience.
Dans sa besace, le flacon de gnôle et un morceau de lard « pour la route », lui donneront le courage de refaire le trajet en sens inverse, jusqu’à la prochaine fois.
Les hommes, parfois un peu jaloux de son succès auprès des femmes, le surnomment la Gazette, surnom mi-ironique mi-péjoratif.
Hélas, dès l’apparition des premiers flocons, sa tournée sera interrompue. L’hiver, les éboulements sont fréquents, des roubines se creusent et entraînent des pans entiers de la montagne au fond du ravin dans le fracas assourdissant des roches éclatées.
Pour plusieurs semaines le fil ténu qui reliait Chaudun au reste du monde sera coupé.
Le facteur ne reviendra qu’au printemps prochain quand le sentier sera de nouveau praticable, déneigé et remis en état par les habitants du village eux-mêmes.
Ce jour-là ce sera une fête, les enfants sortiront de l’école pour venir jouer autour de lui, les femmes et les jeunes filles écouteront, attentives, le récit des nouvelles des villages en aval sur le torrent, les mariages, les naissances, mais aussi les décès. Son retour est le signe que les beaux jours sont arrivés.
Un festin sera organisé sur la placette, le préposé des Postes, héros du jour, rendra jaloux quelques maris et jeunes hommes par ses œillades distribuées sans compter à la gent féminine.
Assise sur son caillou à l’ombre claire d’un alisier au feuillage argenté, Mauricette, du haut de ses onze ans, surveille son troupeau d’un œil distrait.
Tout juste une demi-douzaine de vaches qui broutent ...
disponible en format broché ou kindle.
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le belvédère sous roche
le sentier file, creusé sous les strates rocheuses, la falaise est vertigineuse
plus loin, il descend en serpentant dans les éboulis de roches plates
dans la paroi, un nid d'hirondelles de roches, les dindouleto de roco, volent autour de nous en nous offrant des figures aériennes dignes des plus beaux spectacles
là, un oratoire placé par qui, pour quoi ? il est daté de 1963.
nous descendons plus bas dans les gorges, le sentier quitte ces roches étonnantes mais surplombe toujours d'assez haut, le petit Buëch
un passage délicat où il ne faut pas se rater, la roche du genre poudingue qui s'effrite n'est pas de confiance
nous passons au ralenti...
sur le côté, les premières belles carlines, il y en aura beaucoup...et de superbes
carline à feuille d'acanthe
en bas, le petit Buëch dont nous entendons, d'ici, le roulement de ses eaux, maigres mais vives
nous sommes au point bas de notre balade (alt 1160m) en face de nous la montagne de Luvi, ce village lui aussi abandonné dont il ne reste que quelques vestiges dans la hêtraie
C'est ici que nous quittons les gorges du torrent, nous filons sur la droite en direction du col de Ferlieu, mais nous n'irons pas jusque là, aujourd'hui la balade sera plus modeste.
la montée dans le bois de l'Escout est rude, mais belle et malgré tout agréable, ombragée et d'une cheminement aisé sans gros cailloux qui roulent sous les chaussures
le bois de l'Escout formé de hêtres et quelques résineux est superbe, très sombre et sauvage
plus haut, après une grimpette de 3km et 400m de dénivelé depuis que nous avons quitté le sentier des Bans, nous arrivons au sortir du bois
encore une superbe carline, plus de 50 cm de diamètre !
Nous voilà arrivés à notre espace de pause du médio, une belle clairière avec une herbe accueillante et des ombrages appréciés
une Centaurée Scabieuse picorée par un papillon
un beau Sorbier des oiseleurs et ses fruits
Après une longue pause, nous revenons sur nos pas mais avant de revenir dans le bois de l'Escout, nous prenons la large piste forestière qui circule sur le flanc du Puy de Rabou et qui va nous ramener au village
coup de zoom sur le village dont on voit d'ici, que le clocher et la mairie.
la piste arrive devant l'oratoire dédié à Sainte Roseline, fin de rando, le parking est tout proche
Quittant Rabou, belle vue sur les champs au premier plan et les montagnes en arrière qui se couvrent d'un manteau nuageux.
Ceci n'est qu'un reportage, l’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
Encore une très belle balade que vous avez faite ! La canicule ne vous fait pas peur les amis, mais ... je ne vous aurais pas suivis ! Je reste au frais et je languis d'être à la fin du mois pour partir dans mes Pyrénées, en Cerdagne. Bisous.