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Garlaban, la source du Chien
Entre deux grosses pluies qui m'enferment entre mes quatre murs, je suis parti m'aérer dans mes collines voisines, celles qui étaient si chères à Pagnol, les collines du massif de Garlaban.
Une balade faite de nombreuses fois, mais toujours aussi agréable.
Je gare la voiture sur le parking situé après le cimetière d'Allauch et je file en direction de la forêt qui abrite la chapelle Notre Dame du Château que je laisse de côté pour y préférer les vestiges de la très ancienne chapelle Sainte Croix, Santo Crous la Luencho (la lointaine) qui surplombent toute la rade de Marseille.
En montant ce sentier en rude pente, la vue s'ouvre très vite sur Marseille et ses environs, à cette heure-ci, le ciel est encore bien bleu, ça ne durera pas.
le sentier est bordé d'un muret multi-centenaire qui devait délimiter le chemin d'accès à la chapelle
Tout là-haut, les bases de la très vieille chapelle oubliée sont encore visibles, il n'en reste rien d'autre sinon le souvenir dans la mémoire de quelques vieux sangliers.
peu à peu la végétation digère cet édifice construit avec la sueur et la foi des hommes.
Santo Crous la luencho...
Sainte Croix la lointaine lors de sa dernière restauration par les gens du village, il y a fort longtemps.
En dessous, la chapelle Notre Dame du Château échappe encore à l'oubli et à l'abandon, pour combien de temps ?
sur ce sommet, la vue sur la rade de Marseille s'ouvre en grand.
laissant ma nostalgie du moment de côté, je continue ma route vers le Peynaou et le col de Puy Rouge, je contourne les quelques propriétés enclavées dans le vallon sombre et remonte vers le col.
le sentier est sombre, pentu et humide...mais superbe par sa nature préservée
Au col de Puy Rouge, le soleil éclaire la face nord du Peynaou, cet endroit est un repère de chasseurs invétérés, tout est calme, c'est étonnant, pourtant j'ai bien vu en partant que les 4x4 des valeureux chasseurs du Garlaban grimpaient sur la piste de Canteperdrix.
Louis Ardissone disait déjà de son temps :
Les chasseurs continuent de venir y chasser, pourtant tout le monde le sait, du gibier, ici, il n'y en a jamais eu !
Je me dirige vers le sentier qui va aux grottes des Pestiférés, je les laisse de côté
je bifurque à gauche, direction la source de Pichot Ome (petit homme) avec le sommet de Grande Tête Rouge devant moi
avec les pluies de ces dernières heures, la source coule abondamment, noyant le sentier.
la sente que je suis, file maintenant vers Tête Ronde dans une végétation basse,
je coupe le vallon des Escaoupres, je ne vais pas le remonter à partir d'ici, il y a beaucoup d'eau dans le ruisseau et la sente se faufile dans une végétation serrée qui me cacherait à la vue des éventuels chasseurs fébriles. Je suis seul et revendique mon statut de sanglier, alors...
je continue donc pour reprendre le vallon un peu plus haut, là où c'est nettement plus dégagé. Les bombardiers d'eau à l'entraînement font leurs passages bas, leurs simulations de largage, nous sommes mardi, c'est jour d'exercice.
au pied de Tête Ronde, les galeries des anciennes mines de bauxite témoignent de ce passé industriel du massif pour alimenter en minerais l'usine de La Barasse, fut un temps, ici ça piochait dur !
les massifs de kermès regorgent de glands, l'hiver sera donc froid et rude, c'est ce qui se dit dans ce cas.
je quitte enfin la piste pour descendre dans le ravin des Escaoupres, le ruisseau coule bien et noie par endroits le sentier balisé
je me décide à remonter le fil de l'eau au plus près, je quitte le sentier et m'engage sur les grandes dalles de calcaire qui bordent le ru.
sur la gauche, la grotte de l'Etoile crache son trop-plein d'eau. Pagnol disait qu'après un orage on y entend l'eau qui s'écoule dans ses entrailles, il n'avait pas dû y venir juste après une grosse et longue pluie, non seulement on l'entend, mais on la voit surgir du fond de la terre et s'écouler dans le ravin par une cascade qui se perd dans la végétation de kermès et de romarins .
la cascade des Escaoupres n'est pas en reste, elle aussi est en train de renaître, ce n'est pas un spectacle fréquent de voir l'eau des sept collines en telle abondance.
j'approche de la source du Chien, je quitte le lit du ruisseau pour aller y jeter un coup d'œil
La voilà, cachée dans les joncs et les kermès, elle aussi noie le sentier balisé
Le petit barrage construit par les bergers pour retenir un peu d'eau afin d'abreuver les troupeaux, déborde, il ne sert plus à rien et les cannes de Provence sont devenues ses seules amies.
Il commence à pleuvoir, je ne reste pas là, changeant mes plans pour ma pause de midi, je prends le sentier qui grimpe vers la grotte du Berger.
au passage je fais un tout petit détour à la grotte de l'Etoile voir de près cette eau si sort de ses entrailles
dans le fond du boyau ça gronde fort, sous terre il doit y avoir de belles cascades. j'y étais rentré, fut un temps, le boyau devient de plus en plus étroit et torturé, il faut ramper et impossible de faire demi tour, il faut revenir en rampant en arrière. A faire exclusivement par temps très sec ! Mais la grotte garde le mystère de ses cascades et de ses bruits d'eau, on ne peut aller plus loin qu'un trou de vingt cinq centimètres de diamètre, mais derrière ?
je continue ma montée vers la grotte du Berger où je ne m'attarde pas, un groupe avec de nombreux enfants arrive, et bien qu'ils soient sympathiques je n'ai pas envie de partager leurs cris.
les dessins du peintre Berneix, lors de la fête de la Cabre
dessins qui subissent les graffitis des imbéciles et l'inévitable usure du temps
au seuil des Bartavelles je m'octroie une pause méritée, mais courte car la pluie recommence à tomber, fine mais froide, renforcée par un petit vent vicieux.
Je passe le Pas dei Menoun, et me dirige vers la grande piste qui contourne Tête Rouge par l'arrière, direction le col de Canteperdrix.
au loin, la chaîne de l'Etoile est sous la pluie, le Pilon du Roi en est presque invisible.
le regard se porte vers la rade, le ciel est plus clair, mais ici la pluie fine s'infiltre insidieusement et mouille tout, fin de balade dans le Garlaban.
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Durant ce petit parcours je n'ai pas su résister à la tentation de jeter un coup d'œil à quelques unes des nombreuses gravures rupestres datant du XIX ème siècle et réalisées par les derniers pâtres du massif, peut-être aussi quelques chasseurs. Elles s'érodent vite, leur fin est proche, cet art est éphémère, bien que gravé dans la pierre.
Certaines sont devenues très peu visibles, d'autres ont quasiment disparu, le ciel gris et sans contraste n'arrange pas les choses...
la Croix Pattée, (croix templière)
le Reliquaire avec les premières gouttes de pluie qui constellent la roche
le Pendentif en forme de cœur
le Soldat de 1870 et son sabre
le sceau de Bienvenu Pèbre et sa phrase de désespoir (pas sur la photo)
" POUR 1879 J'AI PASSEZ UNE YVER MARtYRE"
l'Encensoir
Bien sûr il y en a d'autres de gravures, et beaucoup même, laissons-les mourir en paix, il s'agit de témoignages douloureux de bergers et paysans qui ont souffert, ici dans ces collines, ce n'est pas la peine d'aggraver leur cas en y marchant dessus ou en gravant "Toto aime Zézette".
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L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
2LORIDONJeudi 1er Novembre 2018 à 08:20Maintenant je r^ve devant vos randonnées. Je suis en pleine crise d'arthrose et on va me faire une infiltration qyu devrait me remettre d'aplomb étant entendu que chaque fois je dois réduier un peu mes ballades. J'ai déjà supprimé tous les sentiers de chasse, mes préférés,toutes mes rceherches de champignons. je dois m'en tenir à la piste promenade le plus à plat possible. J'arrive à y passer 1 H 30 deux à trois fois par semaine et avec le chien on est quand même content.
Au sujet du Garlaban le seul que je connaissais bien c'est celui que l'on buvait à Bendor...
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Jeudi 1er Novembre 2018 à 08:25
salut gérard, l'infiltration pourra certainement te faire du bien.
Mais la marche, sur le plat et AVEC des bâtons de marche bien réglés sera certainement le meilleur traitement. Le repos n'est pas la solution.
Quant au Garlaban dont tu parles, je dois bien en avoir un fond de bouteille dans mon bar...c'est un des meilleurs marcs que je connaisse.
adéssias l'ami
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Des paysages à couper le souffle, des sentiers qu'on ne se lasse pas de parcourir surtout en cette saison où la température est plus clémente. C'est avec grand plaisir que je revois ce Galaban tel que tu nous le présentes.
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Mardi 6 Novembre 2018 à 14:40
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Je vois que malgré une météo très mauvaise tu n'as pu t'empêcher d'aller crapahuter ! Je suis sure que cela t'a fait du bien ... Nous par contre dans notre coin du Gard depuis mardi après-midi, dur dur de mettre le nez dehors, de véritables trombes d'eau se sont déversées sur nous. Cette nuit encore cela m'a réveillée. J'espère que cela va s'arrêter sinon ce sera la cata ! Allez, bisous, bisous et bonne journée.
Oui Monique côté flotte du ciel vous êtes gâtés ! Ici ce matin ça tonne encore mais bon, rien de comparable
Bisous les amis