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Le mourre de la montagne de Gache
Le "mourre" de la montagne de Gache sur la Route du Temps.
Un mourre = un museau en Provence, ce qui, par extension peut nommer un pic, un bau qui se prolonge dans le vide, ce qui est le cas ici.
La Route du Temps, la D3 ainsi nommée car sur son parcours entre Sisteron et Saint Geniez, une magnifique dalle gravée de l'époque Romaine y est encore visible, la Pierre Ecrite.
Claudius Posthumus Dardanus, homme illustre, revêtu de la dignité de patrice, ex-gouverneur consulaire de la province viennoise , ex-maître des requêtes , ex-questeur, ex-préfet du prétoire des Gaules, et Nevia Galla, femme clarissime et illustre, son épouse, ont procuré à la ville appelée Théopolis l'usage des routes, en faisant tailler des deux côtés les deux flancs de ces montagnes, et lui ont donné des portes et des murailles. Tout cela a été fait sur leur propre terrain; mais ils l'ont voulu rendre commun pour la sûreté de tous. Cette inscription a été placée par les soins de Claudius Lepidus, comte et frère de l'homme déjà cité, ex-consulaire de la première Germanie, ex-maître du conseil des mémoires, ex-comte des revenus particuliers de l'empereur, afin de pouvoir montrer leur sollicitude pour le salut de tous, et d'être un témoignage écrit de la reconnaissance publique.
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Depuis trois siècles, les érudits ont défilé devant "Peiro escricho" le terme provençal pour pierre écrite et leurs déclarations parfois fantaisistes ont nourri les rêveries des bergers : ils parlent des deux mille esclaves qui ont percé le flanc de la montagne, d'une cité de marbre rose dont le reflet apparaît encore sur les nuages au couchant, de statuettes d'or ensevelies... de bien d'autres choses encore.
Cette terre est donc une terre de légende : il faut s'en réjouir.
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La rando de ce jour, au départ de la pierre écrite va nous emmener par des cheminements bien souvent hors sentiers, jusqu'au bau, plein ouest, de la montagne de Gache, le fameux mourre, où nous trouverons d'autres belles pierres gravées, bien que nettement moins anciennes. Si la montagne de Gache est considérée par certains comme une terre de légendes, elle n'en est pas moins une terre d'amour...envers la Nature.
Le parcours que nous allons effectuer, je le dois à un internaute randonneur, je n'ai, hélas, pas pu le remercier de cette trace, il est difficile de laisser un commentaire sur le site où cette rando a été publiée, mais s'il se reconnait ici, qu'il en soit remercié.
Nous ne sommes pas trop mauvais en orientation, mais ce jour-là, un épais brouillard nous a rendu impossible de nous diriger à vue, sans l'enregistrement de la trace sur mon GPS, il aurait fallu renoncer, ne connaissant pas du tout cette montagne.
Du parking, nous prenons la sente qui monte, fort raide, droit vers les hauteurs, le balisage est jaune, c'est celui du sentier de découverte que nous allons bien vite abandonner
Sur la route du Temps, le brouillard n'était pas trop épais, seule l'humidité était présente, mais au fur et à mesure de la grimpe, le paysage se referme dans le coton, la visi pour l'instant, ne pose pas de problème mais...
la sente arrive à hauteur d'un vieux chêne, ici la chênaie multicentenaire a subit les malheurs d'un grand incendie, beaucoup de ces vénérables y ont succombé, heureusement les repousses, maintenant adultes, sont nombreuses, et par ci, par là nous allons encore rencontrer de ces vieux rescapés plusieurs fois centenaires, dont le tronc fait plus de deux mètres de circonférence.
le sentier de découverte file sur la droite, nous partons sur la gauche, dans la magnifique forêt sous couvert des chênes protecteurs
Une yourte apparaît au détour du chemin, bien que visiblement déserte, nous respectons la propriété sans trop nous approcher ni "faire les curieux"
les vieux chênes sont nettement plus attirants
le sous bois commence à être envahi par le brouillard qui n'a pas l'intention de se dissiper
le large sentier fait place à une sente à peine tracée
des trois chênes...quel est donc le plus vieux ?
maintenant nous sommes un peu plus à découvert, la visi est nulle, dans un fourré, du bruit, nous avons à peine le temps d'apercevoir une harde de sangliers qui détale et s'enfonce dans le coton
Bon...là, si on veut continuer, il faut faire confiance au GPS et à son enregistrement...
Le topo disait : "un beau lapiaz", après vous montez à vue !
nous sommes bien sur la bonne trace, une autre harde de sangliers s'échappe, la femelle suivie de plusieurs petits (gare à eux, bientôt on va lâcher les chasseurs...) avec nous ils n'ont aucune crainte.
L'altimètre me dit que nous ne sommes pas loin du sommet, mais il est où ?
Bon OK nous n'arrivons pas en courant, mais tout à coup, là à moins de cinq mètres c'est le grand vide, nous voilà sur la crête qui borde la falaise à pic
"vu comme nous sommes vêtus, on pourrait se demander si nous sommes en été", mais ça ne va pas durer.
après une petite hésitation, nous filons vers l'ouest en suivant la sente des crêtes, direction le mourre de la Gache
Un cairn y est dressé, en mémoire à un certain Yannick Grieux
Une dalle écrite d'un beau poème en marque le point.
Mais nous savons aussi que le graveur des calanques et de la baume du trou d'argent, y a laissé lui aussi une pierre gravée, Xavier Dechaux, en son temps est passé ici.
Il n'est pas trop difficile de la trouver, les dalles plates ne sont pas légion, mais la lecture est presque impossible, tout juste la signature et une date : X DECHAUX 18.. Il nous faudrait du temps et une autre lumière pour essayer d'en décoder le contenu, peut-être une autre fois.
Nous repartons, le vent froid qui remonte de la falaise ne fait rien pour rendre les lieux agréables pour un arrêt prolongé, mais que c'est beau, grâce au brouillard ou malgré lui ?
Bien à pic la face opposée de la montagne !
Nous cheminons en crête vers l'est, le vent tente de dissiper le brouillard, il devrait y arriver
Et puis tout d'un coup, vers la fin de la matinée, le gris se déchire, le bleu du ciel apparaît, avec quelques rayons de soleil
laissant apparaître un paysage superbe de crêtes et d'à pics vertigineux
maintenant que le ciel est nettoyé, les planeurs décollent des aérodromes environnants, ils vont tournoyer en sifflant au dessus de nous tout le reste de la journée
Soudain, à quelques mètres, un chevreuil détale en bondissant, pas le temps de dégainer l'APN qu'il a disparu...et si on faisait le pique nique ici ?
Nous reprenons le parcours prévu, après le pylone HT qui marque le point où un sentier pourrait nous ramener vers le bas, nous continuons, comme notre parcours enregistré nous le propose.
Mais à partir d'ici, plus de sentier, nous allons cheminer à flanc de pente, "aux instruments"
pour rejoindre le bouquet de végétation tout là-bas, où nous amorcerons la descente en hors sentier
un vieux vénérable (un hêtre dirait-on) marque notre point de changement de direction, nouvelle recherche de la trace et nous filons, parfois sur une vague sente, parfois dans la nature
la descente en direction du sentier de découverte qui passe en contre bas, ne pose pas trop de problèmes, l'enregistrement est "nickel".
un ruisseau quasiment à sec est traversé, nous le retrouverons plus bas
puis après quelques détours, nous voilà sur la piste balisée jaune du sentier de découverte, retour vers le point de départ, non sans nous arrêter à Notre Dame du Chêne, ce vieil arbre creux qu'un poète a transformé en oratoire. Un livre d'or où je consigne notre passage est à disposition
bel endroit, assurément !
puis nous filons vers le vieux chênes du carrefour de sentiers et nous amorçons la rude descente dans le vallon étroit pour revenir à la Pierre Ecrite.
Une superbe rando, pimentée par le cheminement dans le brouillard de 10km500 pour un cumul de dénivelé de 480m
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
J'aime beaucoup vous suivre, même dans le brouillard, oui j'avoue vous suivre en photos, superbes
bises amicales
lyly