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Sainte Baume, le Paradis par la falaise, face nord
Après la face sud de la Sainte-Victoire et notre errance dans le ravin de l'Infernet des jours derniers, nous partons, ce matin-là, vers des lieux plus cléments.
Le ciel est gris, de la pluie est annoncée en début d’après-midi, nous aurons certainement droit à la flotte, car la face nord de la Sainte-Baume, c'est là qu'il pleut en premier, quand il pleut bien entendu.
Parking de la voiture à l'Hostellerie de Plan d'Aups, puis direction le sentier du Canapé pour filer ensuite vers le col du Saint-Pilon.
la falaise et le monastère de la Grotte Sacrée dans la grisaille du matin, en haut, la chapelle Marie-Magdeleine se détache sur les crêtes.
sous ce ciel sans soleil, le sentier du Canapé prend toute sa beauté et laisse planer ses mystères
les grands hêtres et les grands ifs sont les seigneurs de cette partie de la forêt, peu avant le croisement avec le sentier Giniez, petit arrêt auprès de "mon" arbre
Le grand If creux, mon ami que je ne n'oublie jamais de venir saluer quand je passe par le sentier du Canapé.
Probablement multicentenaire, il est ici, dans cette forêt bien à sa place, il était, dit-on l'arbre sacré des Celtes, ceci expliquant cela.
L'écorce lisse laisse paraître quelques cicatrices, mais le plus spectaculaire est le tronc, creux et offrant au regard qui se glisse dans l'échancrure, de superbes couleurs et un veinage puissant. Une ouverture vers le haut, laisse apercevoir les feuillages voisins
au Canapé, l'amoncellement de roches éboulées il y a des siècles, se mêle désormais aux arbres, de façon intime
Il devait être bien jeune cet If quand la dalle rocheuse, tombée de la falaise, est venue s'arrêter contre lui, depuis, les deux se sont mariés.
Le grand hêtre, il semble vouloir nous accompagner lors de la montée du sentier, ses racines sortent de terre et enjambent la roche.
Nous arrivons ensuite à l'oratoire qui marque la bifurcation "grotte sacrée" et "col du Saint-Pilon".
Nous laissons de côté, pour aujourd'hui, la grotte sacrée, pour filer sur le large sentier partiellement caladé qui passe devant la chapelle des Morts, dite "des Parisiens".
puis, à l'approche du col, la lumière jaillit, nous sommes à découvert de la forêt, dans quelques pas ce sera la ligne de crête et son GR.
La croix nimbée est dépassée, je ne m'y arrêterai pas aujourd'hui, nous avons du chemin à faire...
La croix celtique ou croix nimbée est une croix dans laquelle s'inscrit un anneau. Elle est le symbole caractéristique du christianisme celtique. Les branches de la croix dépassent toujours de l'anneau, et sur les représentations les plus détaillées, le cercle est en retrait par rapport à la croix.
L'utilisation chrétienne combine une croix latine à jambe inférieure plus longue que les autres.
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Nous filons sur le GR, laissant aussi de côté, la croix de fer du Bau des Oiseaux
puis, plus loin, la crête est abandonnée, nous allons désormais cheminer à flanc de falaise, face nord.
nos amies les chèvres et boucs sauvages, sont là, sous un arbre, il y a si longtemps que nous ne les avions pas vues. le troupeau a diminué, des morts, et/ou création d'un autre troupeau ce qui est bien possible quand les jeunes boucs deviennent adultes
notre approche calme et sans geste brusque ne les perturbe pas trop, seuls les boucs sont vigilants, ils nous observent du coin de l’œil.
Une superbe chèvre, adulte, prend la pose pour la photo, elle est tout simplement magnifique.
semblant esquisser un sourire énigmatique.
le grand bouc, chef du troupeau est allé se cacher derrière un rocher et nous observe, on le connaît depuis si longtemps...
le vieux bouc nous regarde, narquois : "oui, nous sommes toujours là !"
tandis que les plus jeunes, curieux, sortent de leur espace de repos pour nous regarder.
Laissons ces beaux animaux à leur liberté, ne les perturbons pas, ils vivent une vie extraordinaire dont ils ne connaissent pas la rareté.
Nous filons vers l'est, à flanc de falaise
de nombreux ravins perpendiculaires à notre déplacement sont à passer, descente raide, remontée tout autant
et encore et encore...
puis, le bau de Saint-Cassien apparaît tout au loin, nous allons bientôt rejoindre la crête et le GR
encore une descente rude en bordure du vide, la dernière
et c'est la crête, le GR, puis le pas de Villecroze, nous laissons le Pas de l'Aï de côté pour filer vers Le Paradis où nous irons par un passage escarpé
la croix des Glacières sur son petit sommet rocheux est visible, fugitivement
la Croix des Glacières
ressaut à descendre, et arrivée sur la plateau du Paradis, au Bau de Saint-Cassien, notre pause sera ici, au calme.
les gros nuages annoncés arrivent, ils sont à l'heure, nous filons par le ravin qui sépare les crêtes du Pas de L'Aï et le bau de Saint-Cassien, le sentier est en forte descente, sous les arbres
et nous arrivons au carrefour du sentier jaune (interdit suite à éboulement) au niveau du grand Hêtre foudroyé
le Grand Hêtre foudroyé...qui peu à peu se désintègre et revient à la terre
retour par la piste forestière, longue et monotone mais l'orage gronde, nous ne nous attardons pas à passer par le sentier Merveilleux
arrivés au lieu dit "les Trois Chênes" , nous prenons l'Allée Royale pour un retour au parking, fin de belle rando.
Les "Trois Chênes" qui font s'interroger, parfois, le touriste car il ne sont (plus) que deux.
Voici la légende des trois chênes :
Au temps des croisades, Louis IX devenu Saint Louis vint à la Sainte-Baume pour prier Marie-Madeleine et se préparer à sa longue quête afin de libérer le tombeau du Christ.
De nombreux chevaliers, bien entendu, le suivaient et allaient, tout comme le Roy, se recueillir à la Grotte Sacrée avant leur départ en Palestine.
Trois d'entre-eux s'unirent de grande amitié, appelons-les, Jean, Guillaume et Pierre, tous enfants de Provence et chevaliers de noble lignée.
Un soir, au bivouac précédant le grand départ, ils jurèrent de revenir ici au retour de croisade, et d'y planter chacun un chêne en signe de leur indéfectible amitié.
Ils ramassèrent trois glands qui feraient ainsi le grand voyage avec eux.
L'instant était solennel et sous le regard des grands arbres de la forêts, ils firent serment en croisant leurs épées.
Le voyage ne fut pas sans périls, lors de la traversée d'un fleuve, Jean se noya, ses amis n'eurent que le temps de récupérer son épée et le gland du serment.
Plus tard, pendant un combat, c'est Pierre qui fut transpercé par une flèche, Guillaume se retrouva dépositaire des épées et des glands, il devait absolument survivre pour que leur serment fut tenu.
Bien que blessé, il était vivant et dans son délire, une jeune femme lui souriait (étais-ce Marie-Madeleine ?) et lui disait qu'il fallait vivre pour revenir à la Sainte-Baume, semer les trois graines et accomplir le vœu sacré de l’amitié.
Après bien des aventures, il revint au pied de la Grotte Sacrée, à l'endroit où fut fait le serment, il creusa trois trous avec son épée, y enfouit les trois glands et planta en terre les trois épées qui servirent de tuteurs, personne n'ayant jamais pu ni oser les déterrer.
Les arbres qui grandirent devinrent des géants qui traversèrent les siècles, les épées protectrices furent probablement englouties dans leurs entrailles.
Presque mille ans plus tard, l'un a disparu, l'autre est mort mais toujours debout et regarde la direction de la grotte, le troisième est encore vert et semble défier le temps.
( adaptation libre de l'excellent ouvrage "Contes et légendes en forêt de Sainte-Baume" de Ch. Vacquié ).
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Ceci n'est qu'un reportage, l’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
2Marsu83Mercredi 25 Septembre 2019 à 09:20magnifiques photos des chèvres et bouc ! sourire énigmatique avez vous dit? au moins aussi beau que celui de la Joconde !!
de notre côté sommes à Tignes tout ce mois de septembre et fréquentons marmottes, chamois et bouquetins et en guise de pluie avons eu aussi de la neige. Que du bonheur !
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Ben j'ai vu au début de votre parcours qu'il y avait un "canapé" ! Moi, je vous aurais donc attendu là, avec le pique-nique pour le retour. La prochaine fois, tu m'avertis et j'organiserai tout ! Bises/
Ok Ma Catalane, la prochaine fois on fait comme ça !
rire
bisous amie, prends soin de toi
Jluc