• Le serpent de Pétugue

    Qu'est ce donc ce fameux serpent de Pétugue, et... qui est Pétugue?

    (yesarticle déjà publié sur l'ancien blog, mais de nouveau d'actualité) 

    Il nous faut si besoin est, nous replonger dans la lecture savoureuse de Pagnol, dans ses souvenirs d'enfance, où après l'épisode cocasse voyant le petit Marcel connaitre ses premières amours déçues avec la jolie, mais autant capricieuse que sotte,  Isabelle fille du poête Loïs de Montmajour, il revient à ses collines avec son cher Lili des Bellons pour poser ses pièges.

    Triste et marchant tête basse sur le plateau du jas de Batistou, ses yeux sont portés naturellement vers le bas du vallon tout proche.

    A travers les larmes à peine séchées qui embrouillent ses yeux, il aperçoit dans les broussailles une chose ronde, longue et aussi épaisse qu'une cuisse et, dépassant des ronces et de la baouco, deux longues oreilles qui ornent ce qui semble être la tête d'un monstre.

    Tout à sa stupeur et l'esprit encore perturbé par ses amours déçues, il reste interdit.

    Lili, en bon paysan connaissant tout de ses collines, lui susurre : UN SERPENT !

     

    - Un serpent....mais avec des oreilles ?

    - Oui...mais pas les siennes, il est en train d'avaler un lièvre.

     

    Tout à coup, une grosse chose jaune et verte remue à deux mètres de là, non, ce n'est pas un autre serpent, c'est sa queue !

     

    -Ô Bonne Mère ! s'écrie Lili, c'est le serpent de Pétugue !

     

    Pétugue, cultivateur d'une belle vigne de Jacquez aux raisins noirs et serrés, produit un vin d'une rare violence.

    Buvant une grande partie de son invendable production et ne  s'alimentant que de quelques oignons, tomates et de pain frotté d'ail, il compensait sa maigre pitance en éclusant cinq à six litres de son rude nectar dans la journée. Il passait,bien sûr,  pour l'ivrogne du village.

    Un bel après midi, le village tout entier vit arriver Pétugue encore plus déboussolé que d'ordinaire, allant même jusqu'à boire de grandes gorgées d'eau à la fontaine.

    Ce spectacle pour le moins surprenant avait attisé la curiosité du boulanger, du boucher et de tous ceux qui passaient par là, pensez donc...Pétugue buvant de l'eau !

    Encore sous le choc de l'émotion il racontait à qui voulait l'entendre, son aventure.

     

    Rentrant de sa vigne, fusil à l'épaule dans le fond du vallon des Escaoupres, son chien Souffrance, se mit à l'arrêt , pattes raidies, museau pointé devant un fourré.

    Pétugue attendait quand, d'un coup d'un seul, une gueule béante en jaillit, attrapa Souffrance et le tout se retira dans le fourré en faisant un abominable bruit de bois sec écrabouillé. Pauvre Souffrance !

    Pétugue, de frayeur, avait reculé de dix pas quand il vit l'horrible tête ressurgir du fourré, il ajusta son tir mais les chevrotines n'effrayèrent même pas la bête qui s'agitait en sifflant.

    Mort de trouille Pétugue lâcha son fusil sur le bord du chemin, et tout tremblant  s'enfuit en courant dans le vallon jusqu'au village.

     

    - Si on organisait une expédition avec des fusils à balles, on pourrait peut être l'avoir ? ...à dix ou douze !

     

    Le lendemain, nulle trace du serpent gigantesque, ni de Souffrance, le pauvre chien n'ayant jamais aussi bien porté son nom.

    Au bout de huit jours, lassés par des battues infructueuses, on finit par dire que Pétugue, complètement ensuqué par les litres de vin de Jacquez avait vu une simple couleuvre et que le chien courait sur les chemins à la poursuite d'une femelle en chaleur.

    Têtu, Pétugue n'avait jamais voulu en démordre, et le dimanche sur la place du village, il racontait encore et encore son aventure, le serpent grandissant de quelques beaux centimètres à chaque fois.

    D'ivrogne notoire il devint aussi la risée du village et les randonneurs passant dans le coin et connaissant l'histoire se faisaient mousser auprès des autres en interrogeant l'idiot du village.

     

    Le petit Marcel et Lili peu rassurés s'approchèrent du vallon où somnolait la bête en pleine digestion.

    S'armant de courage les deux futurs héros décident de faire tomber un gros rocher bancal sur l'énorme serpent pour l'écrabouiller.

    La tête aplatie sous le tas de pierres, le monstre était occis, seule sa queue fouettait encore pour quelques instants, les buissons de cade.

    Plus tard, posant pour la photo, le pied posé sur la bête de trois mètres vingt de long, nos héros étaient fiers d'avoir vaincu la bête...et de prouver que Pétugue avait raison.

    Celui ci fut appelé pour venir reconnaitre "SON " serpent et être ainsi réhabilité aux yeux des villageois.

    La foule apeurée par le monstre, admirait les enfant.

     

    - Bou Diou, qué mostre !

     

    Notons que dans la bouche des jeunes filles, cette expression s'appliquait aussi bien à la bête qu'aux deux enfants...sans en avoir la même signification !

     

    Dans un silence de respect, où tout le monde commençait à se repentir des moqueries faites à Pétugue, celui ci s'avança et sans un regard pour la bête, il s'écria:

     

    - A coté du mien...celui là c'est une ficelle !

    - C'est ça votre serpent ? moi je peux vous dire que le MIEN, le MIEN il est deux fois plus gros et trois fois plus long et des petits merdeux comme vous il en avalerait cinq ou six !

     

    tongue...Moralité, il n'est pas bon pour deux jeunes enfants de réussir là où un valeureux chasseur d'Allauch a échoué.

     

     

    Cette petite histoire vous donnera peut être, cher lecteur, l'envie de lire ou relire Pagnol et ses savoureux souvenirs d'enfance.

    Quant à nous, randonneurs qui cheminons régulièrement sur les traces de petit Marcel et de Lili, nous pouvons maintenant affirmer que cette histoire ...EST VRAIE !

    En effet, après beaucoup de recherches et de patience, parfois au bord du découragement nous avons retrouvé la preuve que ce serpent a bien existé.

      En effet, une pierre plate montre bien l'empreinte faite par l'écrasement de ce monstre, le choc fut si terrible que la pierre en a été gravée à tout jamais !

    serpent [640x480]

     

    « Garlaban, grotte du bergerLes gorges du Caramy »

  • Commentaires

    1
    Annette
    Vendredi 24 Octobre 2014 à 20:42

    Peut-être aurons-nous plus de chance avec le serpent de Pétugue qu'avec le renard de Jean-Luc !!!


    Heureusement , la recherche est un vrai bonheur !!

    2
    Samedi 25 Octobre 2014 à 08:05

    Le renard, le serpent, bientôt quelques grives, c'est la saison !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :