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Côte bleue, Calanque de Figuerolles
Il y avait longtemps que je n'étais plus venu sur ce côté de notre rade de Marseille, sa partie la plus à l'ouest.
La voiture garée sur le petit parking situé juste à l'entrée du tunnel du Rove, au lieu dit "le Resquiadou", je prends la petite route qui contourne le tunnel et au petit pont en béton qui enjambe un ruisseau temporairement en eau et éternellement sale de déchets, je traverse et prends la direction de la côte.
Mon projet de faire un circuit en boucle est avorté, le retour prévu par le sentier bleu qui longe la côte est interdit suite aux derniers orages, "risque d'éboulements", et en belle saison, c'est interdit pour risques d'incendie...
Je ferai donc un parcours en aller et retour d'ici jusqu'à la calanque de Figuerolles, voir le même décor sous deux angles différents n'est pas mal non plus.
Après une petite grimpette dans un sentier en mauvais état, je laisse le "bleu" sur le côté et continue la montée sur le jaune, balisage peu visible, mais existant. Au premier sommet, la vue sur la rade ouest s'ouvre, en bas, serpentant comme une couleuvre, la ligne de chemin de fer de la côte bleue arrive en gare de l'Estaque.
Plus loin toujours sur la crête, un autre belvédère s'ouvre sur l'est, la mer est superbe, beau temps pour aller à la pêche en bateau...vieux souvenirs qui remontent.
puis s'amorce la descente dans le vallon du Coucourdier, la voie du petit train Bleu est sur un de ses innombrables viaducs construits en pierre de Cassis au dix-neuvième siècle, viaducs et tunnels s'enchaînent. Je viens d'entendre le train "corner" à l'entrée du tunnel, comme il se doit, mais trop tard pour la photo, il a disparu dans les entrailles de la colline.
La particularité de cette côte sauvage est d'être traversée de tout son long par une ligne de chemin de fer qui pourrait se comparer à un tortillard, et qui dessert depuis des lustres tous les villages de la côte bleue. Viaducs et tunnels ponctuent cette ligne, qui ma foi, ne dénature pas vraiment ce paysage, l'avertisseur de la "Micheline" venant parfois à troubler la quiétude des lieux quand le train s'engage dans un tunnel.
Voyageurs d'un autre siècle profitant du paysage, on ne s'encombrait pas trop de "sécurité" et tout se passait bien. Ce tracé ferroviaire est un vrai défi à la nature.
Entre 1908 et 1915, 23 tunnels furent percés et 18 viaducs érigés pour dompter les contours sinueux de la chaîne de la Nerthe.
La ligne du Train Bleu reste d’ailleurs à ce jour l’une des plus coûteuses de l’histoire des chemins de fer français.
Au début du siècle, l’objectif était d'offrir à l'agglomération marseillaise une porte de sortie ferroviaire supplémentaire. Mais déjà l’avant-projet rédigé en 1903, pressentait que la ligne attirerait « de nombreux promeneurs ».
Quelques décennies plus tard, la prophétie semble s’être réalisée
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Le sentier dégringole plus qu'il ne descend dans le fond du vallon, j'y vais, laissant de côté, la bretelle qui permet de rejoindre le sentier bleu interdit.
vallon sombre et humide encastré entre les roches découpées par l'érosion
puis la sente remonte lentement en direction de la route "Pompidou"...
Un peu d'histoire :
La piste RDF qui s'ouvre devant moi, avant d'arriver au fort de Figuerolles, est un vestige bien transformé de l'attaque sauvage des promoteurs immobiliers sous la Présidence de Georges Pompidou, c'est pas hier !
A cette époque des promoteurs peu scrupuleux avaient commencé à tracer une route pour arriver en bordure de mer et y construire résidences et marinas, en toute illégalité mais avec l'appui "d'en haut". ( le bruit court que la présidence Elyséenne avait donné son aval pour ce projet "ami" ).
Ce territoire est sur la commune d'un petit village du Rove, et les élus de ce village (de l'époque) ont réussi à venir à bout de ce projet scandaleux. Il est difficile de trouver des détails sur cette affaire maintenant ancienne mais la route est toujours là transformée en RDF et les locaux la nomment comme par hasard, " la route Pompidou !".
Une commune de quelques milliers d'âmes a pu venir à bout de crapules soutenues par les plus hautes instances de l'Etat, n'y pourrait-on pas voir un certain esprit gaulois qui dans les BD se situe en Bretagne ? Un état d'esprit "Astérix Méridional" des années 60/70 !
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Puis apparaissent rapidement les vestiges de ce fort qui participa à la défense de la rade de Marseille. Le ciel passe tour à tour du gris plombé au gris clair, puis au bleu et ainsi de suite. Je croise un marcheur avec un parapluie à qui je fais la remarque que certainement il ne pleuvra pas, il me répond :
- oh con...on sait jamais, je prends pas de risque, si je rentre trempé, ma bourgeoise va encore m'engueuler !
Le fort de Figuerolles :
Le fort de Figuerolles, comme celui de Niolon est une batterie construite entre 1880 et 1890 affectée à la surveillance stratégique de la rade ouest, il fut modernisé en 1918 et appelé "barrière de fer ".
il a été désarmé après 1940 et abandonné à la commune propriétaire du terrain, puis...abandonné totalement.
les bâtiments ne sont pas trop dégradés malgré la disparition des toitures et charpentes, le sol est jonché de débris de tuiles.
une fenêtre ouverte vers l'est...
entrée du bâtiment A et son lavoir
un chemin de ronde file vers l'emplacement de la batterie enterrée
Il ne devait pas y avoir autant d'arbres sur le pourtour du champ de vision...
vision à plus de 180° seule la vue arrière est impossible, un sommet y culmine et barre la vue.
coup de zoom sur les Iles du Frioul...château d'IF, Ratonneau et Pomègues, Tiboulen étant hors champ.
Côté rade ouest, un bateau pompe des Marins Pompiers de Marseille est à l'exercice
Je quitte le fort et file en direction de la Vesse, la sente est agréable, peu pentue, et arborée de romarins odorants
au petit collet, le village de la Vesse apparaît, dans son cocon et entouré des collines de la Nerthe
Je descend par un sentier non balisé, laissant de côté la sente principale qui fait un large détour
puis j'arrive en vue de la calanque de Figuerolles, il faut passer sous le pont de la voie ferrée
en bas, la plage de galets est battue par un mer "rentrante" .
petit coin de Paradis...
Je prends un bout de sentier bleu, côtier pour trouver un balcon sur la mer, à l'abri du petit vent, des embruns de la mer, et sous les pins.
Devant moi, gros coup de zoom sur les pêcheurs sur un poste à sars et dorades, bien reconnaissables à la façon de tenir la petite canne hyper souple, la buscle avec tout au bout de la ligne, une pierre et une moule, technique de pêche marseillaise qui remonte à la nuit des temps.
Ah que j'y suis venu souvent ici avec mon ami Georges pour de belles pêches et d'inoubliables heures d'amitié. là où tu es "Jo", je suis sûr que tu as trouvé un spot de plongée profonde et des postes de pêche où le poisson abonde...salut vieil ami.
Et comme du temps où nous venions pêcher ici, un cargo arrive et prend le passage, souvenir d'un jour où il nous fallu jeter le mouillage avec un flotteur et avoir juste le temps de mettre en route pour dégager...
Je quitte ce bel endroit et reprends la route en sens inverse, la remontée est rude,
direction le col qui sépare le vallon du Coucourdier de la Vesse
passage au dessus du fort
descente dans les profondeurs du Coucourdier
toujours pas de train bleu qui sort du tunnel en "cornant"...
sur la crête panorama sur Marseille ouest, retour à l'Establon, puis au Resquiadou et fin de rando revitalisante.
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
Toutes les ruines sont abandonnées, suite à la rage des promoteurs et de la finance qui n'ont pas pu s'y vautrer. Tant mieux, c'est tout ce qui nous reste alors on doit le garder. Marre de ces bétonneurs qui en ont pris trop ! No passaran !