• Les iles de l'archipel de Riou, Calseraigne

               Si vous demandez à un passant, dans la rue, à Marseille où se trouve cette île, vous risquez d'avoir des surprises.


    D'une façon générale, le Marseillais moyen ( sauf s'il possède un bateau , et encore ce n'est pas sûr !)  ne connaît pas les îles coté sud , mais Calseraigne, là on sombre dans l'inconnu total . Si géographiquement Marseille est tournée vers la mer, les marseillais se contentent, au mieux, de la plage en été !

     Peut être que si vous dites,  l'île Plane,  là vous pourrez certainement avoir un peu plus de réponses.

           A gauche, la côte avec le massif de Marseilleveyre, au milieu PLANE, à droite Riou la majestueuse.


    Calseraigne, une île qui se trouve encore plus à l'est que Jarre est connue universellement sous le nom de PLANE.
    Quand on dit Plane, on a tout dit sur cette île, elle est plate, son point le plus haut culmine à 22 m au dessus du niveau de Marenostrum et encore ...en montant sur un caillou et en se mettant sur la pointe des pieds, 


                           Au premier plan , Calseraigne-Plane et derrière, Riou ...la Reine.

    Un caillou où les lapins et les rats le disputent aux volatiles de toutes sortes, gabians, cormorans, canards, fous etc. la faune est variée et certaines espèces sont protégées car en voie de disparition .



    - J'ai dit certaines espèces.....
    - Euh, non pas les gabians.

    - Ah bon ?
    - Non ceux là ont la vie dure et la "salitude" chronique des Marseillais  leur assure la subsistance pour des dizaines d'années encore.

    Calseraigne

    Goéland leucophée...le gabian, le vrai, le notre, avec son bec et ses pattes jaunes

    Calseraigne

    cormoran ...Le terme « cormoran » vient du vieux français corp,  corbeau et marenc, marin


    A la pointe nord ouest par où on arrive en venant de Marseille, se trouve un rocher détaché de la paroi  , comme beaucoup ici , mais celui à pour nom , LA PIERRE QUI TRAMOLLE, entendez par là, la pierre qui tremble.



    Quand le Mistrau se donne à fond, ( 50 à 60 nœuds ) et que la houle s'y met, les énormes vagues font se lamenter et gémir l'île et son piton rocheux. Les vieux pêcheurs disaient que la pierre tramolle, elle tremble et gémit. Pour l'avoir vécu en pleine tempête, je peux le dire, c'est vrai !

    Deux particularités pour cette île, une grande et très belle calanque remarquablement bien abritée du Mistrau , la calanque du Pouar .

                                                       Le fond de la calanque du Pouar.

    Des centaines de bateaux s'y sont abrités depuis toujours, actuellement, le peu de fond et le calme relatif de cette calanque en font un lieu de formation privilégié pour les plongeurs débutants.
    Un petit tunnel en sortie de Calanque permet de récompenser les plus méritants qui traverseront ce  tunnel avec une vue plongeante à la sortie , sur les fonds à  - 35 m, sans avoir le droit d'y aller pour la plupart.

    Pendant la grande époque de la navigation à voiles, l'île servait de purgatoire pour les marchandises suspectées d'être contaminées par la peste et autres fléaux venus par la mer.
    Elles y étaient exposées à tous les vents ( et ils sont nombreux dans notre rade ) pour les purifier à l'air et au soleil.



    Les bateaux et leurs équipages étaient eux dirigés vers deux îles :

    - Pomègues, aux îles du Frioul pour une quarantaine en observation.
    - Jarre, quand le diagnostic était établi, et les bateaux brûlés , les équipages ...... oubliés.

    S'échapper de cet enfer de vent et de soleil est parfaitement possible, à la nage, aujourd'hui, en bonne condition physique et correctement alimenté, mais au 17 et 18 ème siècle, mal nourri, ne sachant pas nager et malade, la condamnation à mort était signée sans être prononcée.

    La deuxième particularité se situe à la pointe est.  Une  grotte sous marine, ou plutôt un tunnel quasi vertical, connu par les plongeurs sous le nom de grotte à Pérès, un chercheur de l'Institut Océanographique venu y faire des recherches sur la faune fixée ( coraux ) . voir la plongée ici , clic !

    Cette grotte ressemble plutôt à une cheminée très évasée à sa base par 20/25m de fond et remonte jusqu'à la surface en se terminant par un boyau qui débouche sous le petit quai construit pendant les recherches.

                                        Dessin schématique en coupe de la grotte à Peres.

    Il est à noter, et ce lieu, n'en est pas le seul exemple, que tous les bons apôtres qui aujourd'hui nous font la morale sur les déchets à ne pas jeter par dessus bord, et autres pollutions , ces mêmes bonnes âmes y ont laissé moult saloperies, vieux pneus , rouleaux de câbles d'acier, gros fûts d'huile à la fin de leurs campagnes de recherches...suivez mon regard.

                              ( faut que je me calme, j'ai la tension qui monte en flèche là !  bad).

    On peut argumenter en disant que "à l'époque", on était pas aussi inquiet qu'aujourd'hui, certes ! mais n'oublions pas que ces mêmes équipes de chercheurs et autres explorateurs sont à la base de l'écologie d'aujourd'hui, étonnant non ?  peut être se rendent ils enfin compte de leurs négligences et qu'ils essaient de ainsi de se dédouaner .

    En aucun cas mon propos ne remet en cause tous les principes de mer propre et non pollution par incivisme, mais me faire donner des leçons par des pollueurs "autorisés"  me donne de l'urticaire.

    Les pneus qui gisent au pied de la grotte à Pérès sont des pneus d'engins de chantier de 2 m de diamètre, les engins n'ont jamais posés leurs roues sur l'île mais les pneus servaient de pare-battage aux bateaux des équipes.

    On retrouvera les mêmes "vestiges" partout où des recherches ont été organisées ( île Moyade, le Grand Congloué avec Cousteau en 52, etc. ). 

                                                Alors les leçons .....................merci !

    Ces déchets indestructibles ont au moins un avantage, ils servent de points de repères aux plongeurs pour s'orienter sous l'eau.

    Au pied de la grotte, par 35 m de fond encore quelques coups de palme vers l'ouest et une épave de voilier récent ( moins de 50 ans ) est là, brisée en de multiples morceaux sur le tombant, c'est une épave sans trop d’intérêt pour les plongeurs , sauf pour moi car  j'ai cru y reconnaitre, malgré les concrétions , la marque du moteur, un monocylindre à essence fabriqué à Marseille dans les années 30, un BAUDOUIN.

    Aaaah les Baudouin de cette époque...

    Cette usine fondée à Marseille ,  délocalisée à La Ciotat et rachetée par les Chinois, tourne maintenant au ralenti..où est l'époque vécue où plus de 1000 salariés y travaillaient dans des conditions largement supérieures à tout ce qui se faisait dans la région. cry

    j'y ai travaillé pendant 20 ans ( 1970 - 1990 ) dans cette usine, que de souvenirs !

                                             ************************************

    A l'opposé de ce petit quai, en contournant le cap de Plane, une jolie calanque large et peu profonde permet d'y mouiller le bateau pour effectuer la plongée sur la grotte, cette calanque nous abrite du Mistrau jusqu'à force 5/6  ce qui est bon à prendre.

                                                             Les arches de Plane.

    Le fond de la calanque est composé en surface comme sous l'eau, d'arches creusées naturellement dans la roche, et qui font le bonheur du plongeur débutant ( moins de 12 m de fond ) et des autres qui viennent y effectuer leurs paliers de décompression en toute sécurité et sans s'y ennuyer.

    Au Sud ouest un gros rocher, détaché de l'île "casse" la houle et améliore la qualité de cet abri. Ce rocher s'appelle la pierre à Joseph.


                        La pierre à Joseph, qui à le mérite de casser la forte houle d'ouest.

    La pierre à Joseph ( un fin pêcheur ce Joseph ) était réputée pour être poissonneuse et ce coin lui était envié.


                                        Limace, à l'entrée de la grotte , taille environ 8 cm de long.


                                                               Spirule, diamètre 2cm .


                                     Gorgone, sous la grotte et le long du tombant. 35/40m


    L'île Plane est une île sans histoire, qui sait se faire oublier, jolie sans être vraiment belle, pour les plongeurs confirmés, plonger à la grotte à Pérès, ça veut dire  que les conditions météo sont pourries et qu'on a quand même envie de se "mouiller les écailles", mais ce n'est pas non plus une plongée négligeable, c'est même bien agréable si on ...........................ne la fait pas trop souvent.

    Calseraigne

     

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  • Commentaires

    1
    Yvette
    Mercredi 24 Septembre 2014 à 18:52

    Toujours passionnants ces articles sur les îles ! Trop beaux les cormorans ;


    Bisessmile

    2
    Mercredi 24 Septembre 2014 à 18:56

    Les cormorans du Frioul ont émigré à Plane ! rire.

    baisers sarcastic

    3
    Jeudi 25 Septembre 2014 à 12:49

    Magnifique.

    Patrick Mouton à écrit un excellent livre où il relate sa ballade dans les calanques et les îles pendant plusieurs jours à bord d'un pointu.

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