Sisteronnais, Le Mourre de la montagne de Gache
Nous étions venus ici parcourir exactement le même cheminement en septembre 2017, il y avait, on s'en souvient, un brouillard à couper au couteau pendant notre montée jusqu'au Mourre de la montagne de Gache.
Le Mourre, (un museau en provençal) c'est ce roc tout au bout de la longue falaise, en forme de museau selon l'angle sous lequel on le regarde.
Ici, la montagne de Gache et son Mourre, juste en face, est photographiée depuis la route qui relie Sisteron à Gap.
A Sisteron nous prenons la route du Temps qui s'enfonce dans le défilé de la Pierre Ecrite, cette grande dalle qui fait poser bien des questions.
Claudius Posthumus Dardanus, homme illustre, revêtu de la dignité de patrice, ex-gouverneur consulaire de la province viennoise , ex-maître des requêtes , ex-questeur, ex-préfet du prétoire des Gaules, et Nevia Galla, femme clarissime et illustre, son épouse, ont procuré à la ville appelée Théopolis l'usage des routes, en faisant tailler des deux côtés les deux flancs de ces montagnes, et lui ont donné des portes et des murailles. Tout cela a été fait sur leur propre terrain; mais ils l'ont voulu rendre commun pour la sûreté de tous. Cette inscription a été placée par les soins de Claudius Lepidus, comte et frère de l'homme déjà cité, ex-consulaire de la première Germanie, ex-maître du conseil des mémoires, ex-comte des revenus particuliers de l'empereur, afin de pouvoir montrer leur sollicitude pour le salut de tous, et d'être un témoignage écrit de la reconnaissance publique.
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Depuis trois siècles, les érudits ont défilé devant "Peiro escricho" le terme provençal pour pierre écrite et leurs déclarations parfois fantaisistes ont nourri les rêveries des bergers : ils parlent des deux mille esclaves qui ont percé le flanc de la montagne, d'une cité de marbre rose dont le reflet apparaît encore sur les nuages au couchant, de statuettes d'or ensevelies... de bien d'autres choses encore.
Cette terre est donc une terre de légende : il faut s'en réjouir.
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A quelques mètres de la Pierre Ecrite nous prenons le sentier balisé jaune dit "sentier de découverte" nous le suivons jusqu'à son point haut, tout près du vieux chêne multi centenaire.
la grimpette est rude, nous sommes en plein été et pourtant l'humidité est importante, la végétation trempée de rosée nous mouille abondamment.
Regard en arrière sur le défilé que nous laissons en bas, nous continuons la montée raide, mais sommes toutes, facile
Nous voilà au carrefour avec la piste qui circule en balcon sous la montagne de Gache, le vieux chêne, bien mort, est pourtant toujours debout. Nous quittons le sentier de découverte, pour partir sur la gauche et nous nous enfonçons dans une forêt où les vieux chênes, énormes, ne sont pas tous décimés par le grand incendie du milieu du XXème siècle
sous le couvert des chênes plus jeunes, deux ânes sont au repos, ils nous regardent passer, appartiennent-ils au propriétaire de la yourte dissimulée dans la forêt ?
superbe forêt de chênes pubescents
Le soleil cogne fort aujourd'hui, après un passage découvert, rapidement nous revenons vers le couvert des arbres, autant que possible, ça ne durera pas
Maintenant nous sommes quasiment hors sentier, pour rejoindre le Mourre, il nous faut traverser une pente herbeuse, puis un lapiaz, nous filons sur notre trace GPS de la dernière fois, à peu de choses près.
les lavandes sont épaisses et parfumées
Joubarbe
Nous nous dirigeons au mieux à travers la végétation, il nous faut suivre le lapiaz pour arriver au plus près du Mourre
beaux bouquets d'ail rond
le lapiaz
et brutalement sans que rien ne le signale, nous voilà au bord de la falaise, le mourre est un peu plus sur notre gauche, une sente suit la ligne de crête.
le Mourre de Gache
Un gros cairn marque l'endroit, une dalle gravée d'un poème y est placée, hélas de plus en plus effacée par l'usure du temps. Plus bas, une grande dalle est gravée d'un autre texte signé de Xavier Dechaux, le graveur des calanques et de la baume du trou d'Argent, sur la montagne qui fait face, nous n'arrivons pas à la décrypter, de même que celle signée d'un certain "Cavalier" en 1866.
en bas, la vue s'ouvre sur Sisteron et le confluent de la Durance et du Buech
Nous filons vers l'est, le long de la ligne de crête, sur cette portion le sentier est assez bien marqué
les avions tracteurs de planeurs nous survolent et lâchent leur "bébé" avant d'aller en chercher un autre, le ronflement du tracteur s'estompe rapidement pour laisser place au sifflement du planeur qui s'en va chercher les courants aériens ascendants
Nous laissons à droite le sentier bien marqué qui revient tout en bas sur le sentier de découverte et continuons sur la ligne de crête, cette fois nous sommes complètement en hors sentier.
Mais nous savons où nous allons, aucun risque de se perdre, il suffit de trouver le cheminement le plus confortable ce qui n'est pas si évident.
Tout là-bas, dans un coin de verdure qui tranche avec l'aridité de ce versant, notre coin pour la pause nous attend, le vieux hêtre, torturé et noueux, un "fau" est là ,nous offrant une belle ombre fraîche sur une herbe verte
Pas complètement mort, trois belles branches repartent vers le ciel dans une grosse touffe de gui qui le colonise
superbe et impressionnant
Nous reprenons, à regrets, notre parcours en cherchant la suite du cheminement, de vagues sentiers se dessinent, nous filons au mieux en direction d'un plateau où nous amorcerons la descente vers la piste qui circule tout en bas.
laissant derrière nous à droite, la ligne de crête de la montagne de Gache, longue de plus de 4km.
Nous arrivons sur la piste et commençons notre retour
sans omettre de passer devant l'oratoire Notre Dame du Chêne
Un bon vieux chêne creux transformé en oratoire en son cœur.
Puis c'est le retour sur la piste où nous sommes arrivés ce matin, et descente nettement plus difficile que la montée par le sentier raide qui nous ramène à la Pierre Ecrite
Fin de rando, courte mais superbe
Une rando souvent en hors sentier d'environ 11km pour un cumul de dénivelé de plus de 500m.
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
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