• Qu'est ce donc ce fameux serpent de Pétugue, et... qui est Pétugue?

    (yesarticle déjà publié sur l'ancien blog, mais de nouveau d'actualité) 

    Il nous faut si besoin est, nous replonger dans la lecture savoureuse de Pagnol, dans ses souvenirs d'enfance, où après l'épisode cocasse voyant le petit Marcel connaitre ses premières amours déçues avec la jolie, mais autant capricieuse que sotte,  Isabelle fille du poête Loïs de Montmajour, il revient à ses collines avec son cher Lili des Bellons pour poser ses pièges.

    Triste et marchant tête basse sur le plateau du jas de Batistou, ses yeux sont portés naturellement vers le bas du vallon tout proche.

    A travers les larmes à peine séchées qui embrouillent ses yeux, il aperçoit dans les broussailles une chose ronde, longue et aussi épaisse qu'une cuisse et, dépassant des ronces et de la baouco, deux longues oreilles qui ornent ce qui semble être la tête d'un monstre.

    Tout à sa stupeur et l'esprit encore perturbé par ses amours déçues, il reste interdit.

    Lili, en bon paysan connaissant tout de ses collines, lui susurre : UN SERPENT !

     

    - Un serpent....mais avec des oreilles ?

    - Oui...mais pas les siennes, il est en train d'avaler un lièvre.

     

    Tout à coup, une grosse chose jaune et verte remue à deux mètres de là, non, ce n'est pas un autre serpent, c'est sa queue !

     

    -Ô Bonne Mère ! s'écrie Lili, c'est le serpent de Pétugue !

     

    Pétugue, cultivateur d'une belle vigne de Jacquez aux raisins noirs et serrés, produit un vin d'une rare violence.

    Buvant une grande partie de son invendable production et ne  s'alimentant que de quelques oignons, tomates et de pain frotté d'ail, il compensait sa maigre pitance en éclusant cinq à six litres de son rude nectar dans la journée. Il passait,bien sûr,  pour l'ivrogne du village.

    Un bel après midi, le village tout entier vit arriver Pétugue encore plus déboussolé que d'ordinaire, allant même jusqu'à boire de grandes gorgées d'eau à la fontaine.

    Ce spectacle pour le moins surprenant avait attisé la curiosité du boulanger, du boucher et de tous ceux qui passaient par là, pensez donc...Pétugue buvant de l'eau !

    Encore sous le choc de l'émotion il racontait à qui voulait l'entendre, son aventure.

     

    Rentrant de sa vigne, fusil à l'épaule dans le fond du vallon des Escaoupres, son chien Souffrance, se mit à l'arrêt , pattes raidies, museau pointé devant un fourré.

    Pétugue attendait quand, d'un coup d'un seul, une gueule béante en jaillit, attrapa Souffrance et le tout se retira dans le fourré en faisant un abominable bruit de bois sec écrabouillé. Pauvre Souffrance !

    Pétugue, de frayeur, avait reculé de dix pas quand il vit l'horrible tête ressurgir du fourré, il ajusta son tir mais les chevrotines n'effrayèrent même pas la bête qui s'agitait en sifflant.

    Mort de trouille Pétugue lâcha son fusil sur le bord du chemin, et tout tremblant  s'enfuit en courant dans le vallon jusqu'au village.

     

    - Si on organisait une expédition avec des fusils à balles, on pourrait peut être l'avoir ? ...à dix ou douze !

     

    Le lendemain, nulle trace du serpent gigantesque, ni de Souffrance, le pauvre chien n'ayant jamais aussi bien porté son nom.

    Au bout de huit jours, lassés par des battues infructueuses, on finit par dire que Pétugue, complètement ensuqué par les litres de vin de Jacquez avait vu une simple couleuvre et que le chien courait sur les chemins à la poursuite d'une femelle en chaleur.

    Têtu, Pétugue n'avait jamais voulu en démordre, et le dimanche sur la place du village, il racontait encore et encore son aventure, le serpent grandissant de quelques beaux centimètres à chaque fois.

    D'ivrogne notoire il devint aussi la risée du village et les randonneurs passant dans le coin et connaissant l'histoire se faisaient mousser auprès des autres en interrogeant l'idiot du village.

     

    Le petit Marcel et Lili peu rassurés s'approchèrent du vallon où somnolait la bête en pleine digestion.

    S'armant de courage les deux futurs héros décident de faire tomber un gros rocher bancal sur l'énorme serpent pour l'écrabouiller.

    La tête aplatie sous le tas de pierres, le monstre était occis, seule sa queue fouettait encore pour quelques instants, les buissons de cade.

    Plus tard, posant pour la photo, le pied posé sur la bête de trois mètres vingt de long, nos héros étaient fiers d'avoir vaincu la bête...et de prouver que Pétugue avait raison.

    Celui ci fut appelé pour venir reconnaitre "SON " serpent et être ainsi réhabilité aux yeux des villageois.

    La foule apeurée par le monstre, admirait les enfant.

     

    - Bou Diou, qué mostre !

     

    Notons que dans la bouche des jeunes filles, cette expression s'appliquait aussi bien à la bête qu'aux deux enfants...sans en avoir la même signification !

     

    Dans un silence de respect, où tout le monde commençait à se repentir des moqueries faites à Pétugue, celui ci s'avança et sans un regard pour la bête, il s'écria:

     

    - A coté du mien...celui là c'est une ficelle !

    - C'est ça votre serpent ? moi je peux vous dire que le MIEN, le MIEN il est deux fois plus gros et trois fois plus long et des petits merdeux comme vous il en avalerait cinq ou six !

     

    tongue...Moralité, il n'est pas bon pour deux jeunes enfants de réussir là où un valeureux chasseur d'Allauch a échoué.

     

     

    Cette petite histoire vous donnera peut être, cher lecteur, l'envie de lire ou relire Pagnol et ses savoureux souvenirs d'enfance.

    Quant à nous, randonneurs qui cheminons régulièrement sur les traces de petit Marcel et de Lili, nous pouvons maintenant affirmer que cette histoire ...EST VRAIE !

    En effet, après beaucoup de recherches et de patience, parfois au bord du découragement nous avons retrouvé la preuve que ce serpent a bien existé.

      En effet, une pierre plate montre bien l'empreinte faite par l'écrasement de ce monstre, le choc fut si terrible que la pierre en a été gravée à tout jamais !

    serpent [640x480]

     


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  •   Après avoir visité les îles de l'archipel de Riou, notre promenade maritime va nous emmener complètement à l'opposé, vers la cité Phocéenne.

    Au départ du port de plaisance de la Pointe Rouge, Corail Noir va filer plein Ouest, direction le Vieux Port en longeant la corniche Kennedy.

    Tournant le dos à mes chères calanques et longeant la cote, c'est la grande roue de la plage du Prado qui s'offre au regard. Le ciel est gris, les collines Est de Marseille sont dans les nuages

    marseille par la mer

    A petite vitesse pour avoir le temps de profiter du panorama, c'est au tour de la Bonne Mère, Notre dame de la Garde,

    marseille par la mer

    Puis la plage du Prophète coincée sous la rocade de la corniche, sur la butte, le quartier du Roucas Blanc

    marseille par la mer

    dans le quartier d'Endoume, un bâtiment modeste mais extrêmement important s'accroche au rocher et baigne... les pieds dans l'eau

    marseille par la mer

    le Marégraphe, bâtiment enfermant en ses murs une machinerie de haute précision, et de grande valeur historique, toujours en activité.

    marseille par la mer

    hélas la merveilleuse mécanique qui mesure le point zéro de toutes les altitudes de France, ne se visite pas !

    marseille par la mer

    Plus loin, passé le tout petit cap, c'est l'anse de la Fausse Monnaie, ses restaurants "grand chic-grand genre" et son port microscopique  derrière le pont

    marseille par la mer

    nous contournons la zone interdite à la circulation des bateaux et laissant derrière nous l'ilot Degaby nous filons vers le vallon des Auffes, là aussi, restaurants célèbres et port minuscule

    marseille par la mer

    au dessus du niveau de la mer, sur la corniche, trône le monument  qui est dédié aux morts de l'armée d'Orient et des terres lointaines de la Première Guerre mondiale, dénommée "la Porte d'Orient", cet arc est tourné vers la mer . Il a été édifié d'après les plans de l'architecte Gaston Castel et inauguré le 24 avril 1927.

    marseille par la mer

    La plage des Catalans, plage complètement urbaine

    marseille par la mer

    et les bâtiments du cercle des nageurs de Marseille, berceau des plus grands nageurs français

    marseille par la mer

    Direction le Lacydon, le Vieux Port

    à gauche le fort st Jean, sur la photo aérienne et ancienne, il n'est  pas encore greffé de sa verrue noire, le Mucem.

    A droite, le palais du Pharo et le fort st Nicolas

    marseille par la mer

    l'entrée du port qui se divise en deux, à gauche vers le port de commerce de la Joliette, tout droit le Vieux Port dédié à la plaisance

    marseille par la mer

    la passe du fort st Jean

    marseille par la mer

    marseille par la mer

    le Ferryboite croise le trafic qui entre et sort du port, électrique il est le noble descendant de toute une génération de bateaux mouches que les marseillais ont rendus célèbres dans le monde entier

    marseille par la mer

    César: ton ferryboite, c'est une bouée qui a une hélice

    Escartefigues ( le capitaine du ferry boat) : Il en a même deux !

    Panisse: Justement, un bateau qui a une hélice à chaque bout, c'est un bateau qui marche toujours à reculons. Il n'a pas d'avant  ton bateau. Il a deux culs et avec toi..ça fait trois !

    (Acte IV de Marius)

    marseille par la mer

    A vapeur au début, le ferry boat s'est vu motorisé par un moteur Baudouin plus tard et pour de longues années.

    Peu rentable le service du bateau mouche fut arrêté en 1983, le mouche IV amarré face à la Criée, coula en 1984 suite à un gros orage  qui le remplit comme une baignoire.

    C'est ce naufrage qui fit comprendre aux Marseillais qu'on leur enlevait,  une fois de plus, une part de leur patrimoine "génétique". En 1985, la municipalité reprit la flottille et le service de la traversée pouvait recommencer.

    Et quand on se moque de lui en disant que sa traversée la plus longue n'excède pas les 220mètres, le ferry boat vexé répond :

    moi je ne vais pas loin, mais d'autres...ils vont profond !smile

    marseille par la mer

    Pour moi, le vrai c'est celui là celui que j'ai toujours vu depuis tout petit.

    Laid, taillé à coups de hache, bruyant,  maintenant on le dit même  polluant,  mais quand on aime... on aime !yes

    Laissant traverser le Ferryboite (on dit comme ça ici) nous arrivons tout au bout du port, si nous ne virons pas, Corail Noir risque de remonter la Canebière et ce n'est pas conseillé !

     la Canebière qui démarre ici, au bord de l'eau,  et va ...jusqu'au bout de la Terre... c'est bien connu.

    Tout en haut les flèches de l'église des réformés

    marseille par la mer

    Barre à babord et sous le regard curieux des flâneurs, nous passons devant les étals des pêcheurs, l'église st Augustin et repartons vers la sortie du port, en sens inverse.

    marseille par la mer

    marseille par la mer

    à tribord, la Mairie, pavoisée pour faire la promotion de "Capitale du sport"

    marseille par la mer

    le clocher de l'église des Accoules émerge au dessus des toits

    En 1794, cette église fut démolie car elle avait abrité des réunions politiques tandis que la Révolution française faisait rage dans le pays.

    De nos jours, il ne reste que le clocher qui a été bâti sur une ancienne tour (la tour Sauveterre).

    marseille par la mer

    à babord, magie du zoom, la Bonne Mère semble tout proche

    marseille par la mer

    puis toujours à babord, les tours de l'Abbaye de st Victor

    marseille par la mer

    le fort st Jean

    marseille par la mer

    la tour du fanal

    marseille par la mer

    le palais du Pharo

    marseille par la mer

    le Mucem et sa passerelle qui le relie au fort st Jean

    marseille par la mer

    Majestueuse et hautaine devant tant de ferraille et de béton, la cathédrale de la Major

    marseille par la mer

    La balade est finie pour le moment, je mets le cap sur les îles du Frioul, pour un prochain numéro.

    marseille par la mer

    heps...on n'oublie pas le guide ! sarcastic

     

     

     

     

     


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  •             De toutes les îles de l'archipel, Riou est certainement la plus belle, pas seulement la plus grande ni la plus haute. Cette île a deux faces, l'une coté Nord, présentable et accueillante, il y a même une petite plage  prise d'assaut par les plaisanciers dès la belle saison et une autre coté Sud, face au large, nettement plus agressive, roches découpées, hautes falaises, calanques étroites.

    Le randonneur sur le sentier des Douaniers ou le plaisancier qui vire au large des Goudes, se trouve devant une enfilade d'îles, nous les avons déjà vues dans de précédents articles,

    Maïre et ses Farillons

    Jarron et Jarre

    Calseraigne, l'île plane

    et, tout au bout, entourée de ses vassales, l'île Reine...Riou

    les vassales de la Reine sont nombreuses et venant de l'Ouest vers l'Est, elles se nomment, Moyadon, Moyade, les 3 impériaux, grand et petit Congloué, autant de roches émergeant de l'eau et offrant pour le plongeur des sites superbes et souvent profonds !

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reineVue du sentier des Douaniers (GR98) Riou ...tout au bout avec ses deux pics, l'Aiguille et la Tête de l'âne

    Depuis la nuit des temps Riou a été habitée, non par des propriétaires de demeures de vacances mais par l'homme tout simplement, pour y vivre chichement, pour s'y cacher de la douane ou des ennemis, pour y travailler à la fabrication de la chaux, à la fabrication de sable à Monastério.

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    L'ile est aujourd'hui peuplée d'oiseaux, gabians, sternes, puffins et cormorans, autant d'espèces protégées dans une nature ilienne fragile, l'homme y est donc devenu banni.

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    Vue aérienne des l'archipel, il y manque les Moyades et les Congloués, hors champs

    Les plongées au tombant et au piton de l'impérial du large sont parmi les plus profondes et les plus difficiles de l'archipel.

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    Riou et ses îles sont visibles de presque partout dans les calanques, pour peu que l'on soit coté mer

    La face Nord de l'île, plutôt agréable, offrant, tout au moins vers l'Ouest, des cotes abordables, contraste avec la face Sud qui, dès passé les iles Moyades s'avère hautaine, agressive avec ses falaises verticales, ses blocs rocheux tenus on ne sait trop comment en équilibre au dessus des flots

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    et il n'y a pas qu'en surface que les falaises sont hautes et verticales, sous l'eau, les falaises, on va les appeler "tombants", sont eux aussi verticaux et descendent parfois à des profondeurs inavouables par les plongeurs

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    C'est sur cette face Sud que s'ouvre la calanque du Contrebandier, méchante entaille dans la roche, elle s'enfonce dans l'île jusqu'à devenir si étroite que même un petit bateau pneumatique ne peut pas y aller,

    Cette calanque a, de tous temps, été un abri pour les contrebandiers, orientée comme elle l'est, l'entrée de la calanque est déjà peu visible quand on se trouve devant, alors depuis le sentier de la Douane, coté nord...

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    très bel abri pour les plongeurs par vent d'est établi, elle permet d'y laisser le bateau au mouillage en sécurité.

    La photo de l'entrée de la calanque par temps de brouillard est la photo de couverture de mon roman, Le Grand Secret, clic, dont toute l'histoire se déroule dans cette calanque.

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    Face Nord Est, les deux Ilots grand et petit Congloué sont célèbres, c'est ici que l'une des premières plongées à but archéologique a eu lieu en 1952.

    Un navire du IIème siècle avant JC repose au pied du grand Congloué. C'est un plongeur scaphandrier pieds lourds, Mr Christianini de Marseille qui renseigna J. Y. Cousteau sur l'existence de cette épave antique, dont il fut extrait des milliers de pièces de vaisselle Campanienne et d'amphores.

    Le site est aujourd'hui interdit à la plongée.

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    Plane, Riou et les Congloués vus de la ruine de la vigie de Marseilleveyre

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

    la pointe Caramassagne au coucher de soleil depuis le belvédère céleste de Titou Ninou

    Les iles de l'archipel de Riou, RIOU, la reine

     


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  •            Si vous demandez à un passant, dans la rue, à Marseille où se trouve cette île, vous risquez d'avoir des surprises.


    D'une façon générale, le Marseillais moyen ( sauf s'il possède un bateau , et encore ce n'est pas sûr !)  ne connaît pas les îles coté sud , mais Calseraigne, là on sombre dans l'inconnu total . Si géographiquement Marseille est tournée vers la mer, les marseillais se contentent, au mieux, de la plage en été !

     Peut être que si vous dites,  l'île Plane,  là vous pourrez certainement avoir un peu plus de réponses.

           A gauche, la côte avec le massif de Marseilleveyre, au milieu PLANE, à droite Riou la majestueuse.


    Calseraigne, une île qui se trouve encore plus à l'est que Jarre est connue universellement sous le nom de PLANE.
    Quand on dit Plane, on a tout dit sur cette île, elle est plate, son point le plus haut culmine à 22 m au dessus du niveau de Marenostrum et encore ...en montant sur un caillou et en se mettant sur la pointe des pieds, 


                           Au premier plan , Calseraigne-Plane et derrière, Riou ...la Reine.

    Un caillou où les lapins et les rats le disputent aux volatiles de toutes sortes, gabians, cormorans, canards, fous etc. la faune est variée et certaines espèces sont protégées car en voie de disparition .



    - J'ai dit certaines espèces.....
    - Euh, non pas les gabians.

    - Ah bon ?
    - Non ceux là ont la vie dure et la "salitude" chronique des Marseillais  leur assure la subsistance pour des dizaines d'années encore.

    Calseraigne

    Goéland leucophée...le gabian, le vrai, le notre, avec son bec et ses pattes jaunes

    Calseraigne

    cormoran ...Le terme « cormoran » vient du vieux français corp,  corbeau et marenc, marin


    A la pointe nord ouest par où on arrive en venant de Marseille, se trouve un rocher détaché de la paroi  , comme beaucoup ici , mais celui à pour nom , LA PIERRE QUI TRAMOLLE, entendez par là, la pierre qui tremble.



    Quand le Mistrau se donne à fond, ( 50 à 60 nœuds ) et que la houle s'y met, les énormes vagues font se lamenter et gémir l'île et son piton rocheux. Les vieux pêcheurs disaient que la pierre tramolle, elle tremble et gémit. Pour l'avoir vécu en pleine tempête, je peux le dire, c'est vrai !

    Deux particularités pour cette île, une grande et très belle calanque remarquablement bien abritée du Mistrau , la calanque du Pouar .

                                                       Le fond de la calanque du Pouar.

    Des centaines de bateaux s'y sont abrités depuis toujours, actuellement, le peu de fond et le calme relatif de cette calanque en font un lieu de formation privilégié pour les plongeurs débutants.
    Un petit tunnel en sortie de Calanque permet de récompenser les plus méritants qui traverseront ce  tunnel avec une vue plongeante à la sortie , sur les fonds à  - 35 m, sans avoir le droit d'y aller pour la plupart.

    Pendant la grande époque de la navigation à voiles, l'île servait de purgatoire pour les marchandises suspectées d'être contaminées par la peste et autres fléaux venus par la mer.
    Elles y étaient exposées à tous les vents ( et ils sont nombreux dans notre rade ) pour les purifier à l'air et au soleil.



    Les bateaux et leurs équipages étaient eux dirigés vers deux îles :

    - Pomègues, aux îles du Frioul pour une quarantaine en observation.
    - Jarre, quand le diagnostic était établi, et les bateaux brûlés , les équipages ...... oubliés.

    S'échapper de cet enfer de vent et de soleil est parfaitement possible, à la nage, aujourd'hui, en bonne condition physique et correctement alimenté, mais au 17 et 18 ème siècle, mal nourri, ne sachant pas nager et malade, la condamnation à mort était signée sans être prononcée.

    La deuxième particularité se situe à la pointe est.  Une  grotte sous marine, ou plutôt un tunnel quasi vertical, connu par les plongeurs sous le nom de grotte à Pérès, un chercheur de l'Institut Océanographique venu y faire des recherches sur la faune fixée ( coraux ) . voir la plongée ici , clic !

    Cette grotte ressemble plutôt à une cheminée très évasée à sa base par 20/25m de fond et remonte jusqu'à la surface en se terminant par un boyau qui débouche sous le petit quai construit pendant les recherches.

                                        Dessin schématique en coupe de la grotte à Peres.

    Il est à noter, et ce lieu, n'en est pas le seul exemple, que tous les bons apôtres qui aujourd'hui nous font la morale sur les déchets à ne pas jeter par dessus bord, et autres pollutions , ces mêmes bonnes âmes y ont laissé moult saloperies, vieux pneus , rouleaux de câbles d'acier, gros fûts d'huile à la fin de leurs campagnes de recherches...suivez mon regard.

                              ( faut que je me calme, j'ai la tension qui monte en flèche là !  bad).

    On peut argumenter en disant que "à l'époque", on était pas aussi inquiet qu'aujourd'hui, certes ! mais n'oublions pas que ces mêmes équipes de chercheurs et autres explorateurs sont à la base de l'écologie d'aujourd'hui, étonnant non ?  peut être se rendent ils enfin compte de leurs négligences et qu'ils essaient de ainsi de se dédouaner .

    En aucun cas mon propos ne remet en cause tous les principes de mer propre et non pollution par incivisme, mais me faire donner des leçons par des pollueurs "autorisés"  me donne de l'urticaire.

    Les pneus qui gisent au pied de la grotte à Pérès sont des pneus d'engins de chantier de 2 m de diamètre, les engins n'ont jamais posés leurs roues sur l'île mais les pneus servaient de pare-battage aux bateaux des équipes.

    On retrouvera les mêmes "vestiges" partout où des recherches ont été organisées ( île Moyade, le Grand Congloué avec Cousteau en 52, etc. ). 

                                                Alors les leçons .....................merci !

    Ces déchets indestructibles ont au moins un avantage, ils servent de points de repères aux plongeurs pour s'orienter sous l'eau.

    Au pied de la grotte, par 35 m de fond encore quelques coups de palme vers l'ouest et une épave de voilier récent ( moins de 50 ans ) est là, brisée en de multiples morceaux sur le tombant, c'est une épave sans trop d’intérêt pour les plongeurs , sauf pour moi car  j'ai cru y reconnaitre, malgré les concrétions , la marque du moteur, un monocylindre à essence fabriqué à Marseille dans les années 30, un BAUDOUIN.

    Aaaah les Baudouin de cette époque...

    Cette usine fondée à Marseille ,  délocalisée à La Ciotat et rachetée par les Chinois, tourne maintenant au ralenti..où est l'époque vécue où plus de 1000 salariés y travaillaient dans des conditions largement supérieures à tout ce qui se faisait dans la région. cry

    j'y ai travaillé pendant 20 ans ( 1970 - 1990 ) dans cette usine, que de souvenirs !

                                             ************************************

    A l'opposé de ce petit quai, en contournant le cap de Plane, une jolie calanque large et peu profonde permet d'y mouiller le bateau pour effectuer la plongée sur la grotte, cette calanque nous abrite du Mistrau jusqu'à force 5/6  ce qui est bon à prendre.

                                                             Les arches de Plane.

    Le fond de la calanque est composé en surface comme sous l'eau, d'arches creusées naturellement dans la roche, et qui font le bonheur du plongeur débutant ( moins de 12 m de fond ) et des autres qui viennent y effectuer leurs paliers de décompression en toute sécurité et sans s'y ennuyer.

    Au Sud ouest un gros rocher, détaché de l'île "casse" la houle et améliore la qualité de cet abri. Ce rocher s'appelle la pierre à Joseph.


                        La pierre à Joseph, qui à le mérite de casser la forte houle d'ouest.

    La pierre à Joseph ( un fin pêcheur ce Joseph ) était réputée pour être poissonneuse et ce coin lui était envié.


                                        Limace, à l'entrée de la grotte , taille environ 8 cm de long.


                                                               Spirule, diamètre 2cm .


                                     Gorgone, sous la grotte et le long du tombant. 35/40m


    L'île Plane est une île sans histoire, qui sait se faire oublier, jolie sans être vraiment belle, pour les plongeurs confirmés, plonger à la grotte à Pérès, ça veut dire  que les conditions météo sont pourries et qu'on a quand même envie de se "mouiller les écailles", mais ce n'est pas non plus une plongée négligeable, c'est même bien agréable si on ...........................ne la fait pas trop souvent.

    Calseraigne

     


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