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Le Dakota des Calanques
Il s'agit d'un article paru sur mon ancien blog en novembre 2014, mais il est bon de temps en temps d'en reparler.
Le 15 ou 16 (?) janvier 1946, un avion militaire Anglais, s'écrase contre la face sud ouest du massif de Marseilleveyre.
L'avion, un Dakota C47 transporte 29 (ou 26 ?) personnes, la neige tombe, et comme les ennuis n'arrivent jamais seuls, il y a sans doute aussi une panne d'altimètre.
Parti de Singapour, il se dirige vers Istres pour y faire escale avant sa destination finale, Londres.
Le Dakota percute le massif juste derrière le rocher St Michel et s'embrase aussitôt.
La colonne de secours arrive sur les lieux vers 21h30, il n'y a semble t'il que trois survivants dont un est parti par ses propres moyens à travers la colline enneigée, gravement brûlé au visage, il n'arrivera aux Goudes que le lendemain matin.
Tous, revenaient du Japon où ils ils avaient fini la guerre en tant que prisonniers, en route pour rentrer chez eux après ces années de calvaire, ils sont désormais inhumés au cimetière militaire de Mazargues à Marseille.
Une petite croix en fer toute simple ainsi qu'une plaque commémorative en tôle ont été posées sur les lieux même de l'accident.
Le DC-3 est baptisé C-47 par l'armée de l'air américaine et R-40 par le corps des Marines et l'U.S. Navy. Son rôle est dans un premier temps essentiellement logistique : il transporte du matériel militaire divers, et il possède une capacité et une vitesse bien plus importantes que ses prédécesseurs. Mais le C-47 est également utilisé comme transporteur de personnalités militaires, relais de communications, avion d'entraînement et bien entendu comme avion de parachutage.
Cette histoire me hantait depuis pas mal de temps, où était donc tombé cet avion ? Pourquoi cet accident est il passé dans l'oubli?
Le massif de Marseilleveyre, je le connais bien, il est sillonné de sentiers, comment cet emplacement peut il être resté ignoré si longtemps?
Il y a quelques années, un groupe de randonneurs "spécialistes des calanques" a remonté le fil de l'histoire et a retrouvé l'endroit de l'accident.
À l'occasion du 65e anniversaire de cette catastrophe oubliée, ils ont décidé de rendre hommage aux victimes en montant à pied jusqu'au sommet de Marseilleveyre.
Cet emplacement, ils le gardent un peu secret, ce n'est pas plus mal.
En cette journée de printemps, nous sommes en rando dans le massif de Marseilleveyre, pour passer "les trois pas", pendant la pause pique nique, je suis obsédé par cette histoire, je suis certain au fond de moi que nous ne sommes pas très loin de l'endroit du crash.
J'ai étudié le dossier, tout concorde, la trajectoire supposée de l'avion, le relief et la barre rocheuse que forment les crêtes, c'est par ici j'en suis sûr, ou alors tous les renseignements patiemment glanés sur le net, sont erronés.
- articles de l'Express et de la Provence de 2006, et bien sûr des Calancoeurs.
Je me lève pour me dégourdir les jambes, scrute la végétation pour essayer d'imaginer où ce Dakota est tombé, quand bien plus bas, mon regard est attiré par un morceau de ferraille rouillé, ça ressemble étrangement au sommet d'une croix enfouie dans la broussaille.
Un regard plus appuyé, puis, à défaut de jumelles un coup de zoom de l'APN me montrera que c'est bien une croix, la pression monte.
Rapidement nous rangeons le matériel, et nous cherchons un passage dans la rocaille, passons quelques ressauts et après un court trajet de désescalade dans la végétation qui pique, et quelques égratignures, nous y sommes.
Instant inoubliable, fortement chargé d'émotions.
Si l'épave a été enlevée depuis longtemps, il subsiste quelques petits débris rassemblés autour de la croix.
Je veux être clair, en aucun cas il ne s'agit d'une curiosité de plus à découvrir dans les calanques, nous sommes en présence d'un lieu d'accident ou plus de vingt personnes ont péri, un peu de recueillement est le minimum de ce que nous pouvons faire.
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Commentaires
Bonjour, Bravo et surtout merci pour cet article. Moi qui aie passé mon enfance et ma jeunesse dans le Massif de Marseilleveyre et plus généralement dans les calanques, je ne connaissais pas l'histoire de ce crash.
Comme quoi, on en apprends à tout âge et même à 68 ans ! Cet article est en tous cas, un bel hommage.
Le pire, c'est que pour des randonneurs comme nous, des histoires d'avion qui sont tombés, on en trouve un peu dans tous les départements. Ici, il y a le Dakota britannique tombé au Canigou en 1961 avec 34 passagers. Il y a le Constellation tombé à Opoul-Périllos en 1963 faisant 12 victimes où j'étais il n'y a pas très longtemps.....et comme la liste serait plutôt longue.....j'arrête là cet inventaire funeste....
Bien amicalement et merci pour toutes ces belles randos de MON PAYS que je regarde toujours même si je ne laisse pas toujours des commentaires.
Gilbert
J'avais fai tout un laïus sur ses pauvres britanniques qui ne sont pas oublié
le canadair cl 215 équipé de dakota ressemblait au bruit surtout après largage à un chasseur en ressource un peu lourd
adesias l'ami.
que Dieu te garde
4alain13011Samedi 29 Août 2020 à 19:30Merci Jean Luc de cette piqure de rappel .
Cet endroit est en effet tres emouvant et a chque fois que je passe dans le secteur il y a cette petite pointe d'emotion .
Esperons que ce memorial restera un peu confidentiel et surtout respecte de tous . Quant on voit ce que les calanques ont du subir cet ete , on peut etre perplexe .
Il suffit de voir que des abrutis sont montes jusqu'en haut de marseilleveyre pour taguer les rochers ....
Bien amicalement
Alain
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Samedi 29 Août 2020 à 20:26
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RenedeuxMercredi 10 Février 2021 à 20:43
Mallheureusement j'ai pu constater cet après-midi qu'il y a bien un tag de grande taille. On le voit bien lorsque l'on est côté tête de la mounine et que l'on regarde le massif de Marseilleveyre.... Comme il est dit, la connerie humaine n'a pas de limite.
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Bonsoir Jean-Luc
Les militaires anglais n'ont décidément pas eu de chance avec les Dakotas. Le 5 décembre 1944 un de ces avions s'est écrasé, avec 23 personnes à bord, sur les pentes du pic de la Camisette, à plus de 2300m d'altitude, dans le Donézan (canton ariégeois à la limite de l'Aude et des PO). Une tempête de neige est probablement à l'origine de l'accident. Le lendemain, les deux plus valides des survivants ont pu rejoindre 1000m plus bas le village de Mijanès qui a envoyé des secours qui ont pu ramener tous les blessés. Les corps des autres passagers ont tous été retrouvés et ils ont été ultérieurement inhumés ... au cimetière militaire de Mazargues.
Les plus gros débris de l'avion sont depuis quelques années exposés au musée du Donézan, à Rouze.
Tout sur cet épisode tragique et héroïque ICI.
Bien cordialement
Pierre
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Dimanche 30 Août 2020 à 08:25
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6LoridonJeudi 11 Février 2021 à 13:11Et ne parlons pas de toux ceux tombés en mer. Ceux qui sont connus et accessibles, et tous les autres
En mission pour les GERS, en 1956, à deux, nous avons remonté le corps d'une aviatrice célèbre.
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Il vaut mieux que cette croix reste oublié et peu visible, l'époque n’étant plus au respect. J'en ai retrouvé une à Janas, une personne qui s'était suicidé là en pleine nature.