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Gordes, les moulins de la Veroncle
C'est toujours avec plaisir que nous revenons pour la ènième fois, sur ce haut-lieu de notre patrimoine humain et agricole de notre région. Les gorges de la rivière (hélas maintenant quasiment à sec) Véroncle et ses moulins construits, agrandis et restaurés entre les XVIème et XIXème siècles.
Un travail colossal effectué par des hommes, pour souvent simplement survivre.
Chaque moulin, de construction typique à notre région, au fil de l'eau et à roue horizontale le roudet, sur un cours d'eau dont le débit fut de tout temps capricieux, L'homme a donc été obligé de faire preuve de génie pour s'en accommoder.
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Après avoir garé la voiture sur le minuscule parking au bord de la D2 (parking sur terrain privé autorisé par les riverains) nous filons sur la piste pour arriver en vue du moulin des Grailles, transformé depuis belle lurette en maison d'habitation, il faut un œil expert pour voir que c'était, en effet, un moulin.
Nous quittons rapidement le sentier balisé pour plonger dans le lit de la Véroncle, de belles traces d'humidité annoncent qu'il y a peu, de l'eau a coulé ici, il risque d'y en avoir plus en amont, ce qui va risquer de modifier nos plans.
Une belle grotte, abri sous roche renferme un mur de pierres qui en ferme une partie, une bergerie ici enfermée dans ce cours d'eau à sec et peu accessible aux brebis...peut-être... à moins que ce ne fusse qu'un grenier à grain ?
remontant vers l'amont, nous arrivons au premier moulin encore reconnaissable dans ces ruines, le moulin Cabrier.
Une ruine encore bien tenue, les éléments essentiels du moulin sont bien là, de plus des panneaux explicatifs sont à proximité pour en comprendre le fonctionnement.
Ci-dessous, la partie active du moulin, la meule dite dormante, bien posée à plat sur laquelle, la courante vient écraser le blé dont la finesse de la mouture est réglée par un jeu de leviers actionnés par le meunier.
Le sol est composé ici de vieilles meules usagées, tout étant récupéré et rien jeté, dans ce cas, une meule courante en molasse de calcaire local, bien reconnaissable à son Anille, l'encoche en forme de hache servant à son entraînement.
la meule dormante, en pierre dure, souvent du silex, est parfois, comme ici composée de plusieurs parties maintenues assemblées par un cerclage en fer.
l'axe qui entraîne la courante est appelé Bassègue, il est actionné en rotation par la roue à aubages, le roudet, dans la conduite d'eau forcée située au sous-sol
On voit ici, la sortie de l'eau qui a été "turbinée", elle va rejoindre le lit de la Véroncle...rien ne se perd, surtout pas l'eau.
plus en amont du moulin, le lit de la Véroncle laisse encore apercevoir les immenses marmites naturelles creusées par le torrent dans la roche calcaire au pied de la chute d'eau
retour sur le chemin de découverte qui est en réalité, le circuit de cheminement de l'eau captée pour l'usage du moulin, en remontant, nous voyons, le puits en forme d'entonnoir où l'eau vient s'engouffrer en prenant de la force dans le canon, appelé gourgareu (prononcer gourgaréoù) avant d'actionner le roudet...qui entraîne le bassègue, qui met en rotation la meule courante...qui écrase le grain entre elle et la dormante, le meunier devant récupérer la mouture sur le côté dans un coffre en bois, l'arescle, avant d'être mise en sacs, tout en réglant l'espace entre les deux meules pour avoir la bonne finesse de mouture, et en réglant le débit de l'eau dans le gourgareu pour que la courante tourne à la bonne vitesse avec suffisamment de force...
Pas simple, le tout dans un bruit d'enfer, celui des deux meules de pierre ripant l'une sur l'autre dans le fracas de l'eau sortant de la conduite forcée !
un peu plus haut le béal (canal) creusé dans la roche pour acheminer l'eau vers le puits
puis nous grimpons sur l'étage supérieur par une échelle, c'est le "pas de Marie Hélène" aménagé par Benino Cabrier pour réaliser une resclause, sorte de bassin pour stocker l'eau qui sera turbinée.
plus loin, les sortes de grottes creusées par le torrent, quand il voulait bien être en eau
puis, avant d'arriver dans les grands méandres de la rivière, il nous faut passer légèrement au-dessus du lit de la Véroncle, de grandes marmites sont difficilement franchissables et ce serait dommage de les abîmer en y créant un cheminement
retour dans le lit du cours d'eau, en s'aidant d'une corde mise à disposition
les marmites se succèdent
le sentier est tracé par la suite, sur une hauteur au pied de la falaise, la Gazelle passe par le haut et...
moi je tente par le bas, prenant le pari qu'il n'y aura pas trop d'eau gênant le cheminement
enfin, après un long cheminement sur les hauteurs de la rive droite, nous pouvons revenir dans le lit de la Véroncle , une cheminée aménagée, avec câble, barreaux d'acier et chaîne aide à y descendre
le grand méandre est là, large et entouré de hautes falaises sculptées par l'érosion
avec vision sur la belle arche brisée
et le moulin dit Jean de Marre n°2 est là bien ruiné lui aussi et de construction sensiblement identique au Cabrier
reconstruit ou agrandit en 1800, il date néanmoins du XVIème siècle
un peu plus haut, le moulin Jean de Marre n°1, dit moulin gruaire car il permettait la fabrication d'une farine à la fine mouture. C'est ici le seul moulin d'habitation composé de trois étages, dont il ne subsiste hélas que peu de vestiges bien visibles
Nous poursuivons notre parcours en quittant le sentier balisé et en nous enfonçant dans la forêt de yeuses, au plus près du fil de l'eau.
hélas, la présence de l'eau nous confirme que nous ne pourrons pas passer par le Puits de Cata, cette cheminée, ancienne conduite d'eau forcée pour le moulin aiguisoir se trouvant ici dont il ne reste rien, sauf cette belle conduite aujourd'hui infranchissable, la marmite où elle se trouve étant noyée sous beaucoup trop d'eau.
passage dans l'eau d'autant plus délicat que s'y trouve le gouffre du même nom, invisible sous l'eau.
Nous contournons le Puits de Cata par une sente peu tracée mais que nous connaissons bien pour nous retrouver rapidement après une petite grimpe sur la roche, devant le puits entonnoir du moulin de Charlesse
L'ouverture du canon alimentant le roudet du moulin de Charlesse, belle construction en pierres sèches, parfaitement conservée
ce qui n'est pas le cas du moulin lui-même, bien ruiné et dangereux d'accès
la suite du sentier nous entraîne au moulin de Devissé, qui n'est pas alimenté par l'eau de la Véroncle mais par un de ses affluents, le ruisseau du Pré Neuf dont la resclause se trouve au niveau supérieur, cachée par un épais mur de pierres
l'eau sortant du moulin de Devissé, vient rejoindre et renforcer la Véroncle juste devant la porte du moulin
on voit bien la meule dormante par l'ouverture d'une porte latérale, le tout étant considérablement envahi de terre et de gravats
en suivant le fil de l'eau, nous traversons une prairie (propriété privée, rester sur le chemin)
et arrivons, sans pouvoir y aller, au premier moulin des gorges celui dit Des Etangs. Lui aussi transformé en maison d'habitation il ne se visite pas
au pied du barrage des Etangs, la brèche laisse filer un filet d'eau en cascade qui va rejoindre le lit de la Véroncle
nous sortons des gorges et revenons vers notre point de départ par la piste qui passe tout en hauteur, au dessus de la rive gauche de la Véroncle
puis par une sente discrète dans le bas du bois d'Audibert nous revenons au moulin des Grailles, puis au parking
dans une trouée de la végétation, belle vue sur Gordes là-haut sur son piton rocheux.
Fin de belle balade dans les vestiges de notre patrimoine
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
Et bien je n'avais jamais entendu parler de ces moulins de la Véroncle, et pourtant je suis allée maintes fois à Gordes, tu dois bien t'en douter ! J'en découvre des trucs avec vous deux ... Bises