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Corse, Vallée du Fango, la boucle de Prunicciale
Cette rando est un de nos classiques en Corse, sans trop de difficultés, le parcours est varié et présente de nombreux points d'attraits, tout au moins pour qui est sensible aux choses du passé.
La voiture est garée peu après le pont qui donne accès au village de Tuarelli dans la vallée du fleuve Fangù (Fango) pendant que nous enfilons nos chaussures de rando, une vache vient nous rendre visite depuis son enclos de pierres.
Nous allons prendre le sentier Mare e Monti qui grimpe jusqu'au refuge de la forêt de Bonifatù, mais pas pour longtemps, nous le quitterons très vite. Les sentiers Mare e Monti (mer et montagne) sont souvent d'anciens chemins muletiers qui reliaient les gens du bord de mer à ceux de la montagne pour des échanges commerciaux vitaux à une époque où les liaisons dans le pays étaient difficiles.
le sentier grimpe bordé par un muret de pierres qui le sépare des propriétés où paissent les vaches, dans une végétation inextricable. Il n'est pas rare d'y voir sortir une vache qui aussitôt s'engouffre de l'autre côté du chemin et disparaît dans la forêt. Nous sommes loin des alpages des Hautes Alpes...
un peu plus haut, nous quittons le Mare e Monti pour une sente qui reste en balcon et qui file vers le hameau abandonné de Prunicciale.
cheminement paisible dans une jolie forêt méditerranéenne
dans une trouée, en face, vision du centre d'écologie de l'ONF de Pirio, nous y étions tout près, hier, alors que nous devions renoncer à notre grosse rando dans la montagne pour cause de gués infranchissables
Les premières maisons du hameau apparaissent, celle-ci est bien cachée dans la végétation qui pique, c'est la moins ruinée
à l'intérieur c'est la désolation, le plancher de l'étage est effondré, il n'y a plus de toiture
un lit en fer est descendu avec le plancher
à l'étage, dans un placard éventré, quelques vestiges d'ustensiles de cuisine
c'est triste une si belle maison abandonnée à toutes les intempéries
Plus bas dans le village, le four à pain en excellent état
en son milieu, la voûte n'abrite plus qu'une chauve-souris, je ne l'ai vue qu'en agrandissant la photo sur écran
Je n'arrive pas à m'ôter de la tête qu'ici il y a eu de la vie que des gens se sont aimés, ont fait des enfants, y ont travaillé, y ont souffert aussi, y sont morts. Les pierres me racontent leur histoire. Il suffit de savoir les écouter.
le sentier, où parfois la calade apparaît encore, descend vers la rivière toute proche, passant devant d'autres ruines et sous les arbres centenaires, qui eux aussi, ne demandent qu'à parler.
il ne m'est pas difficile d'imaginer l'endroit bien débroussaillé, les femmes, toutes vêtues de noir et à genoux sur la pierre dure, lavant leur linge dans l'eau glacée en se racontant les commérages du village, comme partout ailleurs en ces temps pas si lointains.
le sentier remonte sur le versant opposé, d'autres ruines apparaissent, vertes de mousse.
Un peu plus haut, nous arrivons dans la superbe châtaigneraie de Saint-Georges
les arbres sont très vieux et pourtant bien vivants, cet endroit est magique... il ne veut pas mourir.
en contrebas, les ruines de la chapelle Saint-Georges finissent d'être digérées par la végétation qui sans relâche la grignote un peu plus chaque jour.
au sortir de la châtaigneraie, nous arrivons sur le sentier qui domine le fleuve Fangù, en pleine lumière.
en bas, le fleuve et au loin, le village de Mansù (Manso en français...mais pourquoi vouloir franciser tous les noms, et leur faire perdre leur identité ? absurdité !)
le coteau face au soleil est bordé d'arbousiers dont les fruits rouges, gros et moelleux sont un délice que nous chipons aux oiseaux.
là, sur le côté, une vieille croix, pour qui, pour quoi, qui le sait ? Une simple croix de bois mais dont les extrémités des branches ont été "travaillées" de manière identique à celles que l'on trouvera sur les hauteurs de Galéria, ce sera une autre rando.
les murets délimitent les propriétés, les pierres ne manquent pas et montrent encore, plusieurs siècles après, le travail harassant des hommes dans la montagne.
une longue descente nous emmène dans les alentours de Mansù, les oliviers, énormes, sont pleins de vigueur, cette rando nous a entraîné plusieurs siècles en arrière. L'homme qui a planté cet olivier n'existe probablement même plus dans la mémoire des hommes du village actuel, l'arbre, lui, est là !
Oliviers centenaires, vaches en liberté sous la surveillance du taureau, veaux sous la surveillance des vaches qui cherchent une nourriture chiche, il est vrai que nous loin des alpages à l'herbe grasse des Hautes Alpes.
les vaches font comme les chèvres, elles mangent les branchages, sinon il n'y a que des cailloux...
le sentier contourne soigneusement le village du haut, nous respectons la tranquillité des habitants, ensuite il rejoint la route qui descend en lacets vers le village du bas et le pont sur le Fangù.
où nous arrivons sur le sentier qui longe le fleuve, sentier qui était semble-t-il un chemin de transhumances.
malgré les pluies torrentielles des jours précédents, les abords du fleuve sont praticables, il suffit parfois de sauter de rocher en rocher
quand il a la place, il s'étale et semble paisible
mais il rugit dans les rapides
un ressaut est à franchir une corde aide bien, surtout quand la roche est humide
mieux vaut ne pas glisser
la suite du cheminement est facile, tantôt en bordure du fleuve, tantôt en sous-bois
peu avant l'arrivée, nous croisons un petit groupes de vaches et veaux en liberté, ici les élevages sont "bio". Nous sommes loin des élevages intensifs nourris avec des granulés et les veaux enfermés dans des cages, même si ces veaux vont à l'abattoir, ils ont eus une vie courte mais heureuse, c'est déjà ça !
Ceci n'est qu'un reportage, l’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
Quelle tristesse ces maisons abandonnées ... Mais malgré tout ton billet, comme d'habitude est superbe et m'a rappelé de beaux souvenirs ! Bisous.
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Ne restez pas trop longtemps en Corse si vous voulez revenir...
Salut Gérard, j'espère que tout va bien et que le petit chien ne fait pas trop de dégâts.
Nous sommes rentrés de Corse depuis dimanche dernier, ces articles sont publiés avec du retard. Ce matin, direction les Hautes Alpes...
Amitiés.
jluc