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Calanques, la pointe Cacaù
Pas encore tout à fait la dernière rando de l'année, mais bon on s'en approche !
Direction la pointe Cacaù cette presqu'île qui sépare la calanque de Port Miou de celle de Port Pin.
Pour cette balade je gare la voiture au parking du col de la Gardiole, ouvert en cette saison, et file tout de suite plein est, au sommet du plateau des Mussuguières qui domine de toute sa hauteur le froid et humide vallon de Gorgue Longue.
Montée avec le soleil dans les yeux jusque au sommet où se trouve une ruine que l'on voit d'en bas en arrivant au col.
la vue s'ouvre en grand sur la baie de Cassis et les falaises de Soubeyranes, dans un contre jour violent.
Le sentier tout d'abord large devient de plus en plus étroit, sur la gauche, au loin, se dessine le massif de la Sainte Baume bien repérable par son pic de Bertagne équipé du radôme blanc de l’aviation civile.
le sentier descend jusqu'à une ruine, la cabane Benoit, quatre murs écroulés, abandonnée des hommes depuis longtemps.
je retrouve le sentier rectiligne balisé marron qui descend en direction de Cassis et qui, plus bas, bifurque sur la gauche dans un grand pierrier pour rejoindre le vallon de Pailladou, puis la fin du vallon de Gorgue Longue et ensuite la calanque de Port Miou.
méga coup de zoom sur la plage de Cassis déserte...on se demande bien pourquoi !
le sentier engagé dans le vallon de Pailladou, file en descente rude et dans la caillasse vers Gorgue Longue
En bas, le large sentier arrive rapidement sur le parking (réservé aux plaisanciers) de Port Miou
la calanque-port de plaisance est traversée dans le sens de la longueur en longeant les hautes falaises, qui sont en réalité le front de taille de l'ancienne carrière Solvay où était extraite la belle pierre de Cassis.
Surprise (désagréable), en bout de calanque, le sentier historique du bord de mer est barré "risque de chutes de pierres", grrrr !
Je rebrousse chemin et prends le sentier balisé qui grimpe sur les hauteurs, échappant à une des plus belles vues sur l'ouverture de la calanque de Port Miou vers le large.
ce sentier est en réalité, la piste qui avait été aménagée par la carrière pour que les engins puissent aller vers les fronts de taille, aujourd'hui désaffectés. La vue arrière sur Port Miou montre ce qu'est devenue cette calanque, un alignement de bateaux.
Port Miou, s'ouvre vers le large et offre depuis des siècles un abri aux bateaux par tous les temps . Par cette vue en hauteur, le courant d'eau douce de la résurgence sortant en mer est bien visible, ici dans l'axe oblique droite vers gauche bas vers haut, cette eau viendrait (tout ou partie?) du gouffre des masco à la Ste baume.
Lire, à ce propos, le sympathique roman de mon ami Gérard Loridon, dit le "vieux scaph":
"l'or de la calanque" où vous ferez la connaissance de Jules le mérou et d'Adèle la pieuvre, de bons moments de lecture, ça se passe ici, dans cette calanque et dans cette résurgence d'eau douce !
en face, les falaises rouges de Soubeyranes et au milieu, la "barre" de la presqu'île.
je file vers le Cap Caù (pointe Cacaù) et laisse de côté, pour le moment, la superbe calanque de Port Pin, encore déserte ce matin.
Vue arrière sur la presqu'île qui sépare Port Miou à gauche de la baie de Cassis à droite
sur la pointe Cacaù, les trémies de chargement des barges sont encore visibles, c'est qu'ici, l'extraction des blocs de calcaire était une industrie florissante. Ces trémies, ou déversoirs furent construits par les bagnards de Toulon; Une barge amarrée en dessous recevait des tonnes de pierres qui étaient acheminées un peu partout. Pendant des décennies, les grands édifices de Marseille furent bâtis avec cette pierre.
Un toutipeu d'histoire
La pierre de Cassis est exploitée bien avant le 18e siècle mais la carrière de la Pointe Cacau est créée en 1720 par Victor César et exploitée jusqu'au 20e siècle notamment par la société Solvay.
Le calcaire est exploité pour la pierre de taille mais aussi sous forme de pierre concassée pour la fabrication de la chaux ou le ballastage des chaussées. Au 18e siècle, à l'apogée de l'exploitation de la carrière de nombreux ouvrages sont exécutés avec cette pierre : quais et jetées de Marseille, palais de la bourse à Marseille et même les bordures de trottoirs.
La pierre est aussi exportée dans tout le bassin méditerranéen, vers Alger, Alexandrie, Port-Saïd, le Pirée. le transport maritime est privilégié, les blocs sont chargés par des moyens de levage et manutentions type grues ou treuils. Le calcaire concassé et tamisé est chargé sur des chalands à destination de l'usine de transformation. Les trémies, formes d'entonnoirs géants, permettent le chargement sur les navires amarrés contre la paroi rocheuse. Les trémies sont construites vers 1850 par les bagnards de Toulon.
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Côté est, de grandes dalles de calcaire blanc offrent un espace propice aux bains de soleil intenses, rien de naturel ici, même si l’œil s'est habitué à ce décor, nous sommes en plein cœur du site d'extraction de la pointe Cacaù.
sur la butte, de belles pinèdes offrent une ombre chaude, mais précieuse, dans les années 70, je venais y camper ici, le temps d'un week end avec des ami(e)s...à l'époque ce n'était pas interdit.
J'arrive tout au bout du site d'extraction, de gros blocs taillés et abandonnés gisent désormais sur place, probablement définitivement, même si peu à peu, ils sont enterrés par les éboulements et d'épais tapis d'aiguilles de pins.
à la maison des carriers, ou du moins ce qu'il en reste, la belle table de pique nique, vestige de ces temps-là, ne s'envolera pas !
Je contourne la butte par un petit passage escarpé et file vers la pointe où se trouve une batterie de défense datant du début du XIXème siècle
tout au bout, l'emplacement de la batterie, les canons furent jetés à la mer par les Anglais qui, paraît-il, débarquèrent à Port Pin de nuit et attaquèrent par l'arrière.
Arrivé à cet endroit...c'est l'extase !
Vue extraordinaire sur : de gauche à droite,
au loin, l'île de Riou et la tache blanche du Gd Congloue,
droit devant la pointe de Castelvieil, l'entrée de la calanque d'Envau, la pointe d'Envau et l'entrée de la calanque de Port Pin complètement à droite.
en bas, auprès de ce rocher battu par les flots gisent les 5 canons balancés à la mer par les Anglais. j'y avais plongé dans le début des années 80, ils étaient bien visibles, et profonds.
je me pose longuement sur cette emplacement, pour ma pause du midi face au soleil, juste abrité du petit Mistral frais.
je prends la direction opposée, et file par le côté nord de la pointe, vers Port Pin où j'arrive par le sentier oblique.
Cette calanque représente tant pour moi, la première fois que j'y suis venu, je n'avais pas tout à fait 1 an !
Il y avait, jusque dans la fin des années 50, une sorte de guinguette, des tables et parasols étaient installés sur la plage, on pouvait y venir en voiture par la piste dite "du vallon de Port Pin" que je vais prendre pour remonter jusqu'à l'auberge de jeunesse de la Fontasse.
Arrivé au puits de la Fontasse, je prends le discret sentier marqué par un cairn, sur la gauche, et m'enfonce dans une végétation épaisse
plus haut, en approche de l’auberge de jeunesse, j'arrive au niveau du très beau puits bien restauré en 1992 par l'A.J
et visiblement il y a de l'eau
l'A.J est déserte en cette saison, un soleil de fin d'après-midi éclaire les façades peintes en jaune criard
la terrasse avec sa vue extraordinaire sur les falaises de Soubeyranes, tout au bout apparaît le cap Canaille.
je reviens au parking de la Gardiole par la piste qui passe devant la grande citerne enterrée et son impluvium.
la piste remonte vers le parking, tout au fond, bien au delà de la route de la Gineste et du camp militaire de Carpiagne, se découpent dans le ciel bleu, le mont Lantin et le mont Carpiagne où j'étais il y a quelques jours.
Sous un très beau ciel bleu d'hiver provençal, se termine cette belle calanquaise de 13km pour un cumul de dénivelé d'environ 450m.
L’éditeur, l’auteur ou le diffuseur ne sauraient être tenus pour responsables dans
l’hypothèse d’un accident sur cet itinéraire, et ce, quelles qu’en soient les causes.
Pour les secours composer le 112
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Commentaires
2LORIDONLundi 24 Décembre 2018 à 08:44Effectivement et je t'en remercie, je situe mon ouvrage dans la calanque de port miou. Mais aussi dans le premire chapitre à la cabane benoit où les résistants se seraient réunis pour récupérer le prachutage où se trouvait le sac de pièces d'or.
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J'en ai pris plein les yeux avec tes magniques photos qui m'ont rappelé tant de souvenirs heureux. Suis absente des blogs depuis deux mois et tu ne dois pas le savoir, mais j'ai perdu mon mari le 1er décembre ... Très très dur, tu l'imagines bien ! Mais tes photos m'ont fait du bien. Bisous les amis et bonnes fêtes.
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bisous
jluc